Existe-t-il une protection contre la maltraitance des animaux sauvages ?

Nous constatons une grande évolution en ce qui concerne les animaux domestiques, mais qu'en est-il des animaux sauvages et de ceux qui vivent dans la nature ? En pratique, il semble que l'évolution de la réglementation pour ces espèces ne soit pas la même. Regardons ensemble l'exemple espagnol.
Existe-t-il une protection contre la maltraitance des animaux sauvages ?
Francisco María García

Rédigé et vérifié par l'avocat Francisco María García.

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

En 2018, une sanction prononcée par la Haute Cour de justice de Castille-La Manche a relancé les discussions sur la protection des animaux sauvages contre la maltraitance en Espagne.

Dans le cas mentionné, un marchand d’électricité a été condamné à une amende de près de 150 000 euros. Et ce après qu’un aigle impérial se soit électrocuté sur son aile en même temps qu’un support électrique.

La décision du tribunal de Castille-La Manche a été considérée comme une condamnation historique en Espagne en termes de protection de la faune et de la flore. Principalement parce que la plupart des sanctions spécifiques prononcées dans le pays ont été associées à des cas de maltraitance infligée à des animaux domestiques.

Néanmoins, les animalistes s’accordent à dire que les lois espagnoles pour la protection des espèces sauvages sont encore rares et inefficaces. En conséquence, la faune indigène reste dans un état de grande vulnérabilité.

La législation espagnole reconnaît-elle la maltraitance des animaux sauvages ?

Comme mentionné dans les articles précédents, l’Espagne ne dispose pas d’une loi-cadre nationale sur le bien-être et la maltraitance des animaux. Chaque communauté autonome a la possibilité d’établir, par ses ordonnances, des règlements pour lutter contre les mauvais traitements des animaux sauvages et domestiques. Ainsi que d’établir les sanctions les plus appropriées dans chaque cas.

Si nous revenons à l’exemple de l’introduction, nous constatons que Castille-La Manche s’occupe de la protection de la faune sauvage dans deux domaines. Il s’agit des domaines administratif et pénal. Dans son article 108, la loi sur la conservation de la nature de Castille-La Manche (loi 9/1999) définit comme une infraction très grave :

“La destruction, la mort, la détérioration, la collecte, la capture, la possession, le transport, le commerce et l’exposition à des fins de commerce ou de naturalisation non autorisés de spécimens d’animaux ou de plantes catalogués comme étant en danger d’extinction ou sensibles à la modification de leur habitat”.

Un tigre en cage.

De même, la maltraitance des animaux figure dans le code civil et le code pénal espagnol. Pour autant, leurs textes présentent des limites évidentes, comme nous le verrons plus loin.

La maltraitance des animaux dans le Code civil espagnol

Suite à la dernière réforme de son article 337, le Code civil espagnol définit que sont punis de trois mois et un jour à un an de prison la personne qui :

” (…) par quelque moyen ou procédure que ce soit, maltraite de manière injustifiée, cause des blessures portant gravement atteinte à sa santé ou soumet à une exploitation sexuelle :

a) un animal domestique ou apprivoisé ;

b) un animal qui est généralement domestiqué ;

c) un animal qui vit temporairement ou en permanence sous le contrôle de l’homme ; ou

d) tout animal ne vivant pas dans la nature.

Il n’est pas difficile de voir que la figure de la maltraitance des animaux dans le code civil se limite aux animaux vivant temporairement ou en permanence dans un environnement domestique. Par conséquent, son champ d’application ne va pas jusqu’à offrir une véritable protection à la faune sauvage du pays.

La maltraitance des animaux sauvages dans le Code pénal espagnol

D’autre part, l’article 334.1 du Code pénal espagnol traite spécifiquement des sanctions applicables à la maltraitance des animaux sauvages. Son texte prévoit une peine d’emprisonnement de six mois à deux ans pour toute personne qui :

” (…) contrevenant aux lois ou dispositions de caractère général :

a) chasse, pêche, acquiert, possède ou détruit des espèces protégées de la faune sauvage ;

b) le trafic de ces produits, de leurs parties ou de leurs dérivés ; ou

c) se livre à des activités qui empêchent ou entravent leur reproduction et leur migration.

En outre, la législation espagnole prévoit que les mêmes sanctions peuvent être appliquées à ceux qui altèrent ou détruisent gravement l’habitat de la faune sauvage en Espagne. Elle prévoit également la déchéance de l’exercice de la profession ou du droit de chasser et de pêcher. Et ceci, pendant deux à quatre ans pour les personnes qui commettent l’une de ces infractions.

Un chasseur en attente.

Les limites de la protection actuelle des animaux sauvages en Espagne

Il est indéniable que l’Espagne a réalisé des progrès juridiques importants en matière de protection des animaux au cours des dernières décennies. Cependant, il suffit de regarder l’état de conservation de certaines espèces pour se rendre compte que la faune sauvage reste dans un état de vulnérabilité en Espagne.

Par exemple, en 2017 seulement, environ 600 spécimens de loups ibériques ont été retrouvés morts en Espagne. Toutes les principales causes de décès impliquent directement ou indirectement une action humaine. Il s’agit généralement d’empoisonnement, d’écrasement et de chasse sportive.

Il convient de rappeler que le loup ibérique est l’une des espèces protégées par la Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe. Bien qu’ils soient protégés en Espagne et au Portugal, les spécimens qui vivent au nord du fleuve Duero sont exemptés de cette protection. Il est donc possible de les chasser dans cette région.

Quoiqu’il en soit, la situation complexe et contradictoire du loup ibérique démontre clairement les graves limites de la loi espagnole en matière de protection contre la maltraitance des animaux sauvages. Toutefois, nous pouvons tous faire notre part pour protéger la faune sauvage en signalant les cas de maltraitance d’animaux aux autorités compétentes.


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