Les effets du changement climatique sur les ours cantabriques

Les changements produits par l'augmentation de la température mondiale obligent les animaux à s'adapter rapidement. Certains d'entre eux sont livrés à eux-mêmes.
Les effets du changement climatique sur les ours cantabriques
Ana Díaz Maqueda

Rédigé et vérifié par la biologiste Ana Díaz Maqueda.

Dernière mise à jour : 21 décembre, 2022

Les bouleversements climatiques provoquent des ravages partout dans le monde. Dans les montagnes de Cantabrie (Espagne), l’augmentation de la température entraîne des effets sur le comportement d’hibernation des ours cantabriques (Ursus arctos arctos) ainsi que sur leur alimentation.

Ces effets pourraient avoir des conséquences très graves sur la conservation de l’espèce. Déjà très endommagée, la cohabitation avec l’être humain ne facilite pas la situation.

De plus, la destruction de l’habitat ainsi que le changement dans l’utilisation de leur territoire font de leur survie une tâche complexe. A tous ces facteurs, s’ajoutent aujourd’hui les effets du changement climatique.

Comment le changement climatique affecte-t-il les ours cantabriques ?

Dans les années 90, la Brown Bear Foundation a commencé à étudier l’activité hivernale de cette espèce. En principe, leur activité aurait dû être nulle puisque les ours hibernent pendant l’hiver.

Mais ce ne fut pas le cas. Les traces d’ours dans la neige étaient nombreuses. Il ne faisait aucun doute qu’ils étaient sortis pendant l’hiver. De plus, on pouvait les voir se nourrir dans les forêts de hêtres et de chênes. Ces preuves ont donc prouvé scientifiquement qu’il y avait des ours cantabriques qui n’hibernaient pas.

Depuis ce jour, la température ambiante  – facteur qui fait que les ours hibernent – n’a fait qu’augmenter. En effet, l’hiver de l’année 2020 fut le plus chaud de tout le XXIème siècle en Espagne.

Des ours en forêt.

L’augmentation de la température comme cause de non-hibernation chez les ours cantabriques

L’hibernation est l’adaptation la plus précise de toutes les espèces endothermiques. Autrement dit, celle qui régule leur température corporelle à travers des mécanismes internes. Cette adaptation permet aux animaux de survivre pendant les périodes où la nourriture est rare et le climat très défavorable.

Pour les ours bruns, l’hibernation n’est pas seulement une période pour survivre au manque de nourriture et stocker l’énergie. Pendant cette période, les ours donnent naissance à leurs petits dans la chaleur de la tanière et doivent en sortir lorsque le printemps est avancé.

Entre les années 1995 et 2018, des sorties d’ourses et de leurs petits en dehors de la tanière ont été enregistrées. La tendance est évidente. Les années où les températures moyennes étaient plus élevées, les ours sortaient plus tôt de leur tanière.

Pour les chercheurs de la Brown Bear Foundation, il n’est pas surprenant que les ours cantabriques n’hibernent plus. Et encore moins après des hivers aussi chauds. Cependant, les conséquences de ces faits peuvent être dévastatrices pour les populations d’ours en Espagne, mais également dans le reste du monde.

Le dilemme du manque de nourriture

Il est déjà certain qu’il existe un lien tangible entre la hausse des températures et la sortie précoce des ourses et de leurs petits. Ces faits peuvent malheureusement avoir des sérieuses répercussions sur la reproduction des ours bruns. En effet, les ours doivent sortir de la tanière à un moment où la nourriture commence à être abondante.

S’ils émergent trop tôt en raison de la hausse des températures, il n’y aura pas assez de nourriture. Cela pourrait alors entraîner une mortalité élevée chez les oursons et, par conséquent, des changements dans la dynamique de la population de cette espèce.

Autres conséquences pour la conservation de l’ours brun

Pendant l’hiver, comme les ours ne sont pas présents parce qu’ils hibernent, les montagnes où ils vivent se transforment en enclaves d’autres activités. Il s’agit notamment des sports de montagne, le tourisme naturel et la chasse.

En présence d’ours pendant l’hiver, ces activités humaines devront être reconsidérées. Mais ce ne doit pas forcément être une bataille avec l’ours. Cependant, c’est déjà une réalité que les gestionnaires responsables de la réglementation de l’usage des terres à ours doivent prendre en compte.

Deux ours en plein combat.

Selon Guillermo Palomero, président de la Brown Bear Foundation, cette espèce a besoin de toute urgence d’un plan stratégique pour aider à atténuer les conséquences du changement climatique. L’objectif de ce programme serait de réduire les conséquences et de permettre aux ours de s’adapter à cette réalité incontestable.


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