Musaraigne-éléphant de Somalie : redécouverte après plus de 50 ans

Il n'y a que 20 espèces différentes de musaraignes-éléphants et elles sont toutes endémiques d'Afrique. L'une d'elles était portée disparue depuis longtemps. Découvrez ici son histoire.
Musaraigne-éléphant de Somalie : redécouverte après plus de 50 ans
Cesar Paul Gonzalez Gonzalez

Rédigé et vérifié par le biologiste Cesar Paul Gonzalez Gonzalez.

Dernière mise à jour : 21 décembre, 2022

Les musaraignes sont des mammifères assez petits que l’on trouve presque partout dans le monde. Leur apparence est très similaire à celle d’une souris, mais en réalité, elles sont plus apparentées aux taupes et aux hérissons. Parmi les différents spécimens qui existent, se distingue la musaraigne-éléphant de Somalie, un animal dont on ne savait plus rien depuis plus de 50 ans.

Ce magnifique mammifère endémique de la Somalie avait été vu pour la dernière fois en 1968. Pour cette raison, on croyait qu’il était éteint. Poursuivez donc votre lecture pour découvrir comment la musaraigne-éléphant de Somalie a été redécouverte.

La découverte d’une nouvelle musaraigne-éléphant de Somalie

La musaraigne-éléphant de Somalie a été décrite pour la première fois par le naturaliste français Georges Révoil. Ce dernier a fait une expédition en Somalie entre 1878 et 1881, au cours de laquelle il a capturé le premier spécimen vivant de cette espèce.

Le voyage a été un succès. Il a même publié un livre qui contenait des descriptions de tous les animaux découverts. En 1881, la première description de l’animal est apparue sous le nom scientifique de Macroscelides revoili.

Le spécimen d’origine a été emmené au Musée national d’Histoire naturelle de Paris, où il est toujours conservé comme modèle d’exposition et de description.

Cependant, d’autres sont exposés dans le monde. Entre 1891 et 1973, d’autres pays ont également fait leurs propres expéditions en Afrique. Cela a amené la musaraigne-éléphant de Somalie à atteindre les collections de différents musées du monde entier.

La dernière fois qu’elle a été vue

Ce petit mammifère a été vu pour la dernière fois en 1968 par les scientifiques Corbet et Hanks. Au cours de leurs recherches, ils ont fait en sorte de décrire autant d’espèces de musaraignes-éléphants que possible. Le projet était assez vaste et ils ont réussi à décrire 15 espèces différentes, parmi lesquelles figurait celle de Somalie.

Pendant les années qui ont suivi, aucun groupe de recherche n’a réussi à retrouver l’animal, de sorte que l’espèce était considérée comme éteinte.

Une musaraigne sur une bûche.

Des musaraignes-éléphants de Somalie mal classées

Certains chercheurs capturent et préservent certains animaux afin qu’ils puissent être décrits plus tard. Ces spécimens finissent dans les collections des musées, qui se chargent généralement de les maintenir en bon état et de les identifier. Le problème est qu’il n’y a pas toujours assez de personnel pour effectuer cette tâche. De plus, les spécimens sont parfois mal classés.

En 2014, Galen Rathbun, Paolo Agnelli et Gianna Innocenti ont réexaminé la collection du Musée d’Histoire naturelle de l’Université de Florence. Au cours de ce processus, ils se sont rendu compte que plusieurs spécimens avaient été mal classés : des musaraignes-éléphants de Somalie avaient été capturées en 1973, soit 5 ans après leur dernier enregistrement.

La recherche des 25 espèces perdues

L’organisation à but non lucratif Global Wildlife Conservation a publié en 2017 une liste des 25 espèces les plus recherchées du moment. Parmi celles-ci, figurait la musaraigne-éléphant de Somalie, dont le nom scientifique était devenu Elephantulus revoili.

Cela a conduit à la préparation de plusieurs expéditions, avec pour seul objectif de localiser ces espèces et de prouver qu’elles n’étaient pas éteintes. Cette campagne a porté ses fruits, puisque de nombreux animaux « perdus », comme le caméléon de Voeltzkow, ont été retrouvés.

La redécouverte de la musaraigne-éléphant de Somalie

En 2017, Steven Heritage et Galen Rathbun, ont contacté Houssein Rayaleh,  écologiste et conservateur de la République de Djibouti, dans le but de lui demander son soutien pour mener la recherche de cette espèce disparue. Houssein Rayaleh était convaincu que la musaraigne-éléphant de Somalie existait encore.

L’expédition n’a eu lieu qu’en 2019 car les préparatifs ont pris beaucoup de temps. Cette année a apporté de nombreuses surprises et de bonnes nouvelles pour tous les chercheurs.

Au cours des 15 jours de l’expédition, le groupe a placé un total de 1 259 pièges sur 12 sites différents. La redécouverte de l’espèce a été rapide, car ils ont réussi à la capturer sans trop de difficultés dès le premier jour. Grâce à cela, pour la première fois, il a été possible de prendre des photos et de faire des vidéos de la musaraigne-éléphant de Somalie dans son habitat naturel.

Des recherches au mauvais endroit

Cette espèce n’est distribuée que dans une petite partie de la Somalie. Dans cette zone, les musaraignes-éléphants de Somalie sont relativement abondantes, mais hors de cette zone, il est très difficile de les trouver. C’est pourquoi les expéditions précédentes ont échoué pendant si longtemps.

Une surprise inattendue

La redécouverte de cette espèce en 2019 n’a pas été le seul événement important pour l’expédition, puisque les analyses génétiques ont également révélé quelque chose d’intéressant. On croyait à l’origine qu’il s’agissait d’un parent d’Elephanulus rufescens, une autre espèce de musaraigne-éléphant de Somalie plus abondante.

Cependant, les recherches ont montré qu’ils ne sont pas si proches et qu’ils sont en fait des espèces indépendantes. Conséquence de cela, il a fallu de nouveau changer le nom scientifique de la musaraigne-éléphant de Somalie, qui est devenue Galegeeska revoilii, un nouveau genre de musaraignes-éléphants.

Le genre est formé de deux mots : « gale » en l’honneur de Galen Rathbun, et « geeska », qui en langue somalienne signifie « la corne de l’Afrique », la région où elle a été trouvée.

Après la redécouverte d’une espèce disparue depuis des années, il est normal de s’inquiéter de son extinction imminente. La musaraigne-éléphant de Somalie est l’exception, car sa population semble stable et est loin d’être en danger. Cela ne signifie pas que les efforts de conservation peuvent être relâchés, mais il y a du temps pour planifier une stratégie qui profite à tous.


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  • Heritage, S., Rayaleh, H., Awaleh, D. G., & Rathbun, G. B. (2020). New records of a lost species and a geographic range expansion for sengis in the Horn of Africa. PeerJ, 8, e9652.
  • Rathbun, G. B., Agnelli, P., & Innocenti, G. (2014). Distribution of Sengis in the horn of Africa. Afrotherian Conservation, 10, 2-4.
  • Pearch, M. J., Bates, P. J. J., & Magin, C. (2001). A review of the small mammal fauna of Djibouti and the results of a recent survey.
  • Corbet GB & Hanks J. (1968). A revision of the elephant-shrews, family Macroscelididae. Bulletin of the British Museum (Natural History): Zoology 16:47–111.
  • Global Wildlife Conservation (GWC). (2020) Rediscovery of the Somali Sengi, One of Global Wildlife Conservation’s 25 Most Wanted Lost Species, Delights and Surprises Mammal Biologists. Recuperado el 13 de diciembre de 2021, disponible en: https://www.rewild.org/press/found-romantically-monogamous-mouse-sized-elephant-shrew-rediscovered-dashing-around-the-wilds-of-djibouti-2

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