La coprophagie dans le monde animal

Le terme coprophagie désigne un régime alimentaire à base de matières fécales de certains êtres vivants. Aussi dégoutant que cela puisse paraître, cette stratégie présente de nombreux avantages, tant pour les individus que pour les écosystèmes.
La coprophagie dans le monde animal
Samuel Sanchez

Rédigé et vérifié par le biologiste Samuel Sanchez.

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Savez-vous ce qu’est la coprophagie ? Habituellement, les êtres vivants sont classés en fonction de leur régime alimentaire. Il y a donc les herbivores, les omnivores et les carnivores.

Pourtant, il existe un large spectre animal ne consommant ni viande ni herbe. Les groupes les plus stricts excluent souvent les animaux suceurs de sang, les détritivores ou les coprophages.

C’est de ce dernier groupe dont nous allons parler aujourd’hui : des êtres vivants qui se nourrissent d’excréments. Nous vous encourageons à continuer la lecture, car malgré l’écœurement initial qu’elle peut provoquer, derrière cette stratégie évolutive se cachent des mécanismes surprenants d’utilisation de la matière organique.

Qu’est-ce que la coprophagie ?

Un animal strictement coprophage est un animal qui se nourrit presque exclusivement d’excréments provenant d’autres animaux. Les excréments ne peuvent pas remplacer une autre source de nutriments.

Il est vrai que chez divers grands mammifères, chez les rongeurs et même les chiens, des épisodes de coprophagie peuvent survenir. Nous évoqueront plus loin cette possibilité.

La clé de ce terme réside dans la nature obligatoire du régime. Bien qu’il existe plusieurs animaux qui présentent un comportement coprophage, seuls ceux qui fondent leur régime alimentaire et leur mode de vie sur l’ingestion de matières fécales sont répertoriés dans ce groupe. Par conséquent, il n’y a aucun risque à affirmer que c’est une stratégie unique aux insectes.

Comment les matières fécales sont-elles utilisées ?

Ironiquement, cette source de nourriture doit être transformée d’une manière ou d’une autre avant que les insectes, principalement les coléoptères et leurs larves, puissent la consommer. Trois comportements différents ont été observés :

  • Un premier groupe, composé des scarabées bousiers, casse une partie des excréments, fait une boule avec elle, et la déplace sur une certaine distance avant de l’enterrer.
    • De là, les adultes se nourrissent de cette ressource. Ils pondent également les œufs dans les matières fécales afin que les larves puissent accéder aux nutriments jusqu’à ce qu’elles soient complètement développées.
  • Dans le deuxième groupe, qui contient plusieurs espèces, dont plusieurs espèces du genre Geotrupidae, les coléoptères transportent également les matières fécales vers un endroit sûr.
    • Cependant, et contrairement aux bousiers, ils n’en font pas une boule, mais portent des morceaux sur leurs membres antérieurs et leur tête. Le genre susmentionné construit des tunnels très complexes où il stocke des aliments pouvant mesurer plus de deux mètres.
  • Un troisième groupe, qui englobe principalement le genre Coprinae, préfère construire ses nids directement sous les matières fécales. Ils ont ainsi un accès facile à la nourriture.
La coprophagie possèdent de nombreux avantages.

Chaque espèce de coprophage montre une prédilection pour les matières fécales d’un animal spécifique. Mais aussi une préférence pour un état de déshydratation précis.

La plupart des espèces recherchent les déchets des ongulés, car chez les carnivores, l’utilisation de nutriments est beaucoup plus importante et les matières fécales manquent de valeur nutritionnelle.

La coprophagie occasionnelle

Une fois abandonné le critère d’exclusivité du régime, il existe des épisodes de coprophagie chez divers mammifères :

  • Les lapins et les cobayes n’ont pas un système digestif aussi sophistiqué que les ruminants. Ces derniers possèdent en effet des estomacs à plusieurs chambres. Pour cette raison, ils ne peuvent pas obtenir tous les nutriments de l’herbe.
    • Après une première excrétion de quelques boules appelées cécotrophes, ils les ingèrent à nouveau pour leur faire faire un second tour. Une fois que les nutriments nécessaires extrait, les matières fécales ne se trouvent plus consommées.
  • Chez certains grands mammifères comme les éléphants ou les koalas, les jeunes peuvent éventuellement consommer les excréments des adultes. Cela leur fournit des bactéries essentielles au bon fonctionnement de leurs intestins qu’ils ne présentent pas à la naissance.
  • Les chiens peuvent également pratiquer la coprophagie. Cependant, il n’y a aucun avantage pour eux, contrairement au reste des mammifères cités. Cela peut être un signe d’inattention, de stress, d’anxiété ou d’un environnement malsain.

L’importance du recyclage

Les insectes strictement coprophages sont essentiels pour les cycles écologiques des écosystèmes. La dégradation des excréments et leur fusion avec le sol pour qu’ils puissent être utilisés à la fois par les êtres microscopiques et les plantes est un processus lent.

Les coléoptères, qui détachent et transportent les matières fécales, accélèrent considérablement ce processus. De plus, ils accélèrent la fertilisation des sols.

La coprophagie est une tactique de survie unique mais efficace.

La dissémination des matières fécales à travers le paysage empêche également l’accumulation d’agents pathogènes. Mais la contamination des sols ou une surabondance de parasites provenant de matières fécales.

Comme nous l’avons vu, aussi désagréable que le concept puisse paraître, la coprophagie est une stratégie évolutive pleinement valable. Elle apporte des avantages à la fois au niveau de l’individu et de l’écosystème.


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