Vitamine D : pourquoi affecte-t-elle la santé des animaux ?

Contrairement aux humains, les chiens et les chats ne synthétisent pas une grande quantité de vitamine D. Plusieurs facteurs affectent la biodisponibilité de cette vitamine. Ces animaux doivent donc compter sur l'alimentation et sur une supplémentation adéquate.
Vitamine D : pourquoi affecte-t-elle la santé des animaux ?
Luz Eduviges Thomas-Romero

Rédigé et vérifié par la biochimiste Luz Eduviges Thomas-Romero.

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Chaque jour, vous entendez parler du rôle de la vitamine D dans la régulation de l’absorption du calcium et du phosphore. Pour cette raison, cette vitamine est si importante pour la santé des os.

Au-delà de la santé osseuse, il est important de savoir qu’un excès de calciférol (vitamine D) peut entraîner des effets indésirables, qu’ils soient dérivés d’un excès de calcium ou d’un effet direct sur les tissus.

Bien que le calcium contribue au développement des os, il est également essentiel à d’autres processus, tels que la contraction musculaire et la transmission de signaux neuronaux. En cas d’excès de calcium, le cœur, les artères, le tractus gastro-intestinal et les reins sont particulièrement sujets aux dommages.

Peu à peu, diverses études scientifiques ont révélé que la vitamine D exerce également un rôle régulateur dans divers tissus. Pour ces raisons, il est très important de comprendre ce qu’elle fait, à quoi ressemble son métabolisme et quelles sont les doses sûres pour votre animal. Nous vous disons tout ici à ce sujet.

Qu’est-ce que la vitamine D ?

Tout d’abord, la nature chimique de la vitamine D est lipidique. Nous la produisons à partir du cholestérol. Il s’agit donc d’une molécule liposoluble qui est digérée et absorbée par l’organisme de la même manière que les lipides alimentaires. Elle se retrouve excrétée dans les selles, à travers la bile.

Lorsque le niveau de vitamine D dépasse les besoins du corps, elle s’accumule. Elle peut alors être stocké principalement dans le foie, mais aussi dans le tissu adipeux. L’accumulation a généralement lieu chez les poissons ; les autres animaux terrestres stockent peu de vitamine D dans l’organisme.

Des aliments riches en vitamine D.

Le corps peut fabriquer sa vitamine D

En général, de nombreux animaux herbivores et omnivores ont un précurseur, le 7-déhydrocholestérol, dans leurs cellules cutanées. Lorsque la peau est exposée au soleil, les rayons UVB catalysent la synthèse de la vitamine D3 à partir de ce précurseur.

En elle-même, la vitamine D3 est biologiquement inactive. Elle doit donc être convertie en une forme hormonale active. On observe deux étapes :

  • Elle se déplace d’abord vers le foie. Là, une transformation initiale se produit, aboutissant à la molécule 25-VitD3. Ce métabolite, bien que non actif, est très stable et permet à la la vitamine de voyagre dans le corps. C’est la variante qui est ingérée lors de la prise d’huile de foie de morue ou de viandes grasses.
  • Plus tard, cette forme inactive se déplace vers le rein. Là, elle est convertie en vitamine D3 active, appelée calciférol. Ce composé circule sous forme d’hormone dans le sang et provoque les effets biologiques en se liant au récepteur de la vitamine D, qui se trouve principalement dans les noyaux des cellules cibles.

Les animaux pouvant effectuer cette synthèse sont les humains, les rats, les porcs et  les chevaux, les oiseaux, les moutons et les vaches. Les plantes peuvent également produire une variante de la vitamine D à partir de l’ergostérol, appelée vitamine D2.

Les chats et les chiens – et probablement d’autres carnivores – produisent peu de calciférol. Par conséquent, leur alimentation doit leur fournir cet apport.

La carence en vitamine D chez les animaux de compagnie

Une grande attention a été récemment accordée à la question de la carence en cette vitamine chez les chiens. L’effet le plus connu est sur l’os.

Une carence en vitamine D est associée à la souffrance du rachitisme, qui se manifeste par des déformations physiques très nettes. Une étude récente évaluant 350 chiens domestiques a révélé que les deux tiers avaient un taux de vitamine D insuffisant dans leur corps.

Au-delà de cela, il est frappant de constater que la variabilité des vitamines observées entre les animaux ayant une alimentation similaire était très importante. De plus en plus de recherches suggèrent l’association entre la carence en cette vitamine et un certain nombre de maladies, y compris le cancer.

Que se passe-t-il si la supplémentation induit un excès de vitamine ?

Selon divers rapports scientifiques, la vitamine D a un effet régulateur direct sur plus de 36 types de cellules différents. De manière générale, parmi les processus les plus affectés par un excès de cette vitamine, le contrôle neuromusculaire et la fonction immunitaire se démarquent.

Chez le chien, une supplémentation excessive en vitamine D peut provoquer une insuffisance rénale. Et ce, seulement en quelques jours.

Malheureusement, les doses de supplément idéales pour maintenir la santé pour chaque race et à chaque âge canin sont inconnues. Les recommandations actuelles concernant l’apport de cette vitamine sont incluses dans le guide nutritionnel de la Fédération européenne des fabricants d’aliments pour animaux de compagnie.

Dans le passé, de nombreux aliments pour animaux de compagnie contenaient trop de cette vitamine. Cela a provoqué l’apparition d’une maladie chez de nombreux animaux, voire même leur mort. En 2019, en Espagne, la société d’aliments pour chiens Hill’s a rappelé des produits pour excès de cette vitamine.

La supplémentation est-elle la panacée ?

Répondre à cette question pose un défi. En 2011, une étude a évalué la relation entre le taux de vitamine D-25 chez le chien et le développement de tumeurs à mastocytes. Les auteurs ont constaté que les chiens de berger porteurs de tumeurs avaient moins de vitamine D-25 que le groupe de chiens de berger sans tumeur.

Les spécialistes ont comparés les régimes alimentaires des deux groupes de chiens. Ils ont constaté que tous les chiens recevaient une quantité similaire de vitamine D-25. Ce résultat suggère donc que le taux sanguin de vitamine D-25 n’est pas uniquement déterminé par l’alimentation.

De nombreuses questions doivent être abordées à ce sujet. Le cancer peut-il réduire la capacité du chien à produire de la Vitamine D-25 ? Certains chiens sont-ils exposés à des facteurs de risque qui les empêchent de former ce composé ? Seuls le temps et l’expérimentation nous donneront des réponses claires.

La vie moderne des chiens

Auparavant, les chiens obtenaient la quantité optimale de vitamine D à partir des réserves de graisse de leurs proies mortes. De nos jours, les animaux de compagnie accompagnent également l’espèce humaine dans son changement vertigineux de mode de vie.

Pour cette raison, le régime alimentaire des chiens a changé, puisqu’il est actuellement basé presque exclusivement sur des aliments commerciaux. C’est pourquoi les compléments alimentaires sont devenus leur principale source de vitamine D.

Quels facteurs peuvent diminuer la biodisponibilité de la vitamine D ?

Plusieurs facteurs peuvent limiter la disponibilité de la vitamine D chez votre animal. Les principaux facteurs sont les suivants :

  • Certains nutriments, comme les graisses polyinsaturées, le fluorure et une faible teneur en magnésium dans les aliments peuvent diminuer la biodisponibilité de cette vitamine.
  • L’exposition au DDT, à d’autres pesticides et aux polychlorobiphényles (PCB), des polluants environnementaux d’origine industrielle, augmente le risque de carence en 25-VitD de 3 %. De plus, l’exposition au glyphosate, un composé présent dans les aliments et l’environnement, diminue la teneur en vitamine D.
  • D’autres composés chimiques, tels que les retardateurs de flamme comme les polybromodiphényléthers (PBDE) sont dix fois plus présents chez le chien que chez l’homme. Ces composés proviennent d’aliments commerciaux et sont connus pour inactiver la calciférol.
  • La stérilisation. Les femelles stérilisées sont connues pour avoir 10 % moins de vitamine D-25 dans le sang que les femelles non stérilisées. De même, les mâles castrés ont 30 % de vitamine en moins que les mâles non castrés.
  • Diverses conditions médicales. Tout précédent de maladie rénale peut empêcher la conversion de la vitamine D-25 en forme utilisable de vitamine D. Certains traitements médicaux métabolisés dans le foie peuvent également bloquer le traitement de la vitamine D.
Un chien face à de la nourriture.

En somme…

La plupart des chiens domestiques sont concernés par au moins deux ou trois des facteurs cités. Pour cette raison, il est essentiel de prendre en compte l’importance de cette vitamine dans l’alimentation des animaux de compagnie. Il est important est de l’intégrer efficacement dans leur menu quotidien.


Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique



Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.