Triton marbré : habitat et caractéristiques

Le triton marbré est l'un des plus beaux amphibiens du monde. Ses couleurs - vert, noir et orange - éblouissent tout le monde. Savez-vous que cet amphibien habite la péninsule ibérique ?
Triton marbré : habitat et caractéristiques
Samuel Sanchez

Rédigé et vérifié par le biologiste Samuel Sanchez.

Dernière mise à jour : 22 décembre, 2022

La péninsule ibérique, qui comprend l’Espagne et le Portugal, se caractérise par la plus grande richesse biotique d’Europe occidentale. On estime que quelque 60 000 espèces d’animaux choisissent ces terres pour proliférer, soit plus de 50 % de toutes celles qui se trouvent dans l’Union européenne. L’un d’eux est le triton marbré (Triturus marmoratus), un amphibien urodèle qui se distingue par ses couleurs.

Bien qu’il existe plus de 7 500 espèces d’amphibiens dans le monde, il n’y en a qu’environ 32 en Espagne. Pour cette raison, informer sur les joyaux endémiques de ces terres n’est pas seulement un luxe, mais une nécessité pour la préservation de ce groupe. Découvrez avec nous le triton marbré, un joyau vert vivant de la péninsule ibérique.

L’habitat du triton marbré

Le triton marbré est un amphibien urodèle très commun en Europe. On le trouve dans toute la France, dans la moitié nord de l’Espagne et dans une partie du Portugal. Plus il s’éloigne vers le centre de la péninsule ibérique, plus ses populations sont dispersées. Des spécimens similaires peuvent être observés dans le sud de la région, mais ceux-ci appartiennent à une autre espèce, Triturus pygmaeus.

Malgré le fait que les deux espèces soient bien différenciées, les distinctions génétiques entre T. marmoratus et T. pygmaeus sont faibles, on pense donc qu’il existe des zones d’hybridation entre les deux. Quoi qu’il en soit, on trouve cette seconde espèce des côtes occidentales de la Galice et du Portugal aux Pyrénées orientales et à la côte nord de la Catalogne.

En tant qu’amphibien, le triton marbré se trouve toujours dans les habitats qui comprennent des sources d’eau. Il évite généralement les zones qui ont des courants, même s’ils sont modérés. Ce sont des animaux communs dans les étangs, les auges, les lagunes, les réservoirs et autres plans avec un volume d’eau important et beaucoup de végétation.

Ce triton a une phase de vie mixte, c’est-à-dire qu’il passe une partie de l’année hors de l’eau et une autre à l’intérieur de l’eau.

Caractéristiques physiques

Les tritons sont des amphibiens urodèles, ils partagent donc certains traits communs avec les grenouilles et les crapauds. Par exemple : des yeux exorbités, une bouche relativement grande pour la taille de leur tête, une peau très fine et la capacité de générer des toxines dans certaines structures spéciales (mais pas toujours). Les urodèles diffèrent des anoures par la présence d’une queue.

Le triton marbré mesure entre 13 à 17 centimètres et a une couleur verdâtre très caractéristique, entrecoupée de taches noires et d’une ligne dorsale orange. Son corps est robuste, et quelque peu aplati au niveau dorso-ventral. Il possède une queue très puissante, qui peut représenter 50 % de sa longueur totale. Son museau est très large et arrondi, tandis que ses membres sont courts et robustes.

Un triton marbré mâle.

Dimorphisme sexuel

Le dimorphisme sexuel chez cette espèce est très évident, surtout pendant la saison de reproduction. Lorsqu’ils vont se reproduire, les tons verdâtres des mâles deviennent beaucoup plus frappants et ces derniers développent une crête spectaculaire sur leur ligne dorsale où des tons noirs et orangés s’alternent. De plus, leur cloaque devient beaucoup plus évident et globuleux en vue de la copulation.

Les femelles sont un peu plus grandes que les mâles, bien que ce trait puisse passer inaperçu pour un œil inexpérimenté.

Le comportement du triton marbré

Comme déjà dit dans les lignes précédentes, ces amphibiens ont une phase aquatique et une phase terrestre. En règle générale, ils quittent les plans d’eau à la fin de l’été et passent une grande partie de l’automne et de l’hiver sous terre, surtout lorsque les températures sont très basses. Cependant, cela ne signifie pas qu’en période de froid relatif, ils ne restent pas actifs.

Bien que l’on ne sache pas grand-chose sur la phase terrestre, des spécimens ont été trouvés très loin des étangs d’origine. À moins que les températures ne soient très basses, ces curieux urodèles sortent de leurs tanières les nuits pluvieuses pour chasser, car ils n’entrent pas dans un état d’hibernation totale.

Le triton marbré entre généralement dans l’eau à la fin des gelées et des pics de froid, fin février ou début mars. Commencent ensuite sa phase aquatique et sa frénésie reproductive, que nous verrons dans des lignes ultérieures.

Cet animal est ectotherme, c’est-à-dire qu’il ne produit pas assez de chaleur pour maintenir sa température constante. Par conséquent, en hiver, son taux d’activité est réduit au minimum.

Comportement alimentaire

Comme vous pouvez l’imaginer, l’alimentation du triton marbré dépend de la période de l’année. Dans tous les cas, son menu est généralement composé de crustacés d’eau douce, de larves d’insectes ailés, d’araignées et parfois de mille-pattes. Comme le reste des amphibiens, c’est un animal carnivore dont l’alimentation est basée sur des proies vivantes.

Cette espèce se nourrit également d’œufs et de larves d’autres amphibiens de manière exceptionnelle.

Comportement reproducteur

Tout le processus de reproduction se déroule dans l’eau. Les mâles se dirigent sont les premiers à aller dans l’eau, tandis que les femelles arrivent environ 15 jours après l’arrivée de leur partenaire potentiel (et elles partent aussi plus tard). Comme déjà dit plus haut, ce processus a généralement lieu en février-mars, bien que cela varie selon la population.

Cette phase dure environ 5-6 mois. Le comportement reproducteur de ces tritons est très intéressant. Les mâles attendent l’arrivée des femelles à des points stratégiques du plan d’eau, et lorsqu’ils en croisent une, ils l’interceptent et exhibent leur corps, leur queue et leur crête dorsale.

Le coup de queue ou « tailwhip » est le mouvement typique de la phase de parade nuptiale.

Lorsque la femelle approuve la constitution physique du mâle, ce dernier dépose rapidement son spermatophore, une sorte de sac qui contient du sperme viable. Puis sa partenaire s’en approche lentement et l’attrape avec ses lèvres cloacales, fécondant ainsi ses ovules internes. Contrairement à de nombreux autres amphibiens, chez cette espèce il n’y a pas d’amplexus.

Chaque femelle fécondée produit environ entre 250 et 300 œufs qu’elle déposera individuellement et stratégiquement dans la végétation du plan d’eau. Au bout de 15 jours, les larves aquatiques avec des branchies externes écloseront, mais celles-ci devront se développer pendant encore 90 jours jusqu’à ce qu’elles puissent coloniser la terre. En général, les larves commencent à quitter le milieu aquatique entre août et septembre.

Le statut de conservation du triton marbré

L’ Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) classe cette espèce dans la catégorie des « espèces moins préoccupantes ». Mais cela ne veut pas dire que l’espèce n’est pas menacée. En effet, ses populations sont en nette diminution. Au niveau régional, cette espèce est considérée “en danger” en France, mais pas en Espagne ni au Portugal.

Voici les problèmes que rencontre le triton marbré :

  • Perte de l’habitat, soit en raison du changement climatique ou de la modification des terres à des fins agricoles. La diminution des plans d’eau et de l’humidité relative affecte grandement les amphibiens.
  • Chasse et vente, un phénomène qui se produit en Allemagne et aux Pays-Bas.
  • Utilisation de pesticides, polluants, produits chimiques et autres substances toxiques qui se retrouvent dans les eaux naturelles.
  • Introduction d’espèces envahissantes dans les écosystèmes aquatiques, comme l’écrevisse de Louisiane (Procambarus clarkii). Ce dernier invertébré est une grande menace, car il mange les œufs des tritons et endommage les tissus des adultes.
  • Virus, champignons et agents pathogènes, tels que le champignon chytride. Ce dernier agent pathogène est très problématique et a provoqué l’extinction de plus de 90 espèces d’amphibiens à lui seul.
Un triton marbré dans la mousse.

Pour toutes ces raisons et encore d’autres, le triton marbré est aujourd’hui protégé sur l’ensemble de son aire de répartition. Les amphibiens sont en grave danger en raison du manque d’empathie et des excès des êtres humains, il est donc nécessaire de mettre en place des plans de réintroduction pour ces espèces avant qu’il ne soit trop tard. Heureusement, certaines organisations s’y mettent déjà.


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