Fourmis charpentières : caractéristiques et contrôle

Les fourmis charpentières utilisent leurs antennes pour détecter les substances chimiques (phéromones) dans l'environnement. Ainsi, même si elles n'ont pas une grande vue, elles peuvent communiquer entre elles et laisser une marque au sol pour guider leurs pairs.
Fourmis charpentières : caractéristiques et contrôle
Cesar Paul Gonzalez Gonzalez

Rédigé et vérifié par le biologiste Cesar Paul Gonzalez Gonzalez.

Dernière mise à jour : 21 décembre, 2022

Les fourmis charpentières sont un groupe d’invertébrés qui tirent leur nom de leur fascination pour le bois. On les trouve dans le monde entier, bien qu’elles soient plus abondantes dans les zones tempérées de l’Équateur. Étant si petites, et parce que le bois est un matériau de construction dans certaines régions, ces fourmis peuvent être considérées comme des ravageurs.

Nous nous référons ici plus précisément au genre Camponotus qui, en raison de sa capacité à habiter différentes parties du globe, englobe une grande variété d’espèces aux habitudes différentes. Poursuivez donc votre lecture pour en savoir plus sur ces petits insectes.

L’habitat des fourmis charpentières

Ces fourmis portent bien leur nom, car elles forment des galeries dans du bois humide, pourri ou creux, et construisant des tunnels pour faire leur nid. C’est pourquoi elles préfèrent vivre dans les forêts tempérées et, grâce à leur répartition cosmopolite, on peut les trouver partout dans le monde.

En effet, pouvant attaquer différents types de bois, ces insectes sont également capables d’envahir les bâtiments et les maisons. Cette capacité en fait des espèces nuisibles dangereuses car, même si cela n’en a pas l’air, elles ont la force d’affaiblir la structure architecturale des bâtiments, et donc de causer de graves problèmes.

Une fourmi charpentière.

Caractéristiques physiques et fonctions

Ces curieux invertébrés mesurent entre 5 et 15 millimètres de long, ils ne dépassent donc la taille d’aucune autre espèce de fourmi. La forme de leur corps ne présente pas non plus de grandes différences, puisqu’il comporte 3 sections bien différenciées : la tête, le thorax et l’abdomen. Chaque partie du corps est divisée par une constriction ou “cou”, ce qui leur donne l’aspect typique des formicidés.

La coloration de cet insecte varie selon la zone géographique dans laquelle il se trouve. Cependant, la gamme de couleurs qu’il arbore va des rouges ou noirs foncés aux rouges clairs et à la couleur vin. L’abdomen a tendance à être plus clair que le reste du corps, et a quelques “poils” qui lui donnent un aspect velouté.

Bien que nous puissions penser que toutes les fourmis sont identiques, leur structure sociale est déterminée par un système de caste. Cela signifie que, malgré leur apparence similaire, chaque membre de la fourmilière a un rôle et des caractéristiques spécifiques. Les castes sont les suivantes :

  • Ouvrières : elles mesurent environ 9 millimètres, et ont des mâchoires bien développées.
  • Reproductrices : cette classe est facile à distinguer, car ce sont les seules fourmis qui ont deux paires d’ailes. Il peut s’agir de femelles et de mâles. Leur seule mission est de former de nouvelles colonies. Il est à noter que les mâles ne vivent pas longtemps et possèdent deux fois moins de gènes que le reste des membres de la colonie.
  • Reines : ces fourmis sont chargées de pondre et d’approvisionner la colonie en ouvrières. Cela pourrait être considéré comme la phase de maturité des femelles reproductrices, bien qu’après leur vol nuptial, elles perdent complètement leurs ailes. Les reines sont les spécimens les plus gros et les fourmis qui vivent le plus longtemps.

Mode de reproduction

Le rituel d’accouplement de ces fourmis n’est effectué que par leurs fourmis reproductrices, puisque les ailes qu’elles possèdent leur sont utiles pour le vol nuptial. Lors de cet événement, des essaims de mâles et de femelles se forment dont le but est de se féconder mutuellement. Une fois terminé, les mâles meurent, tandis que les femelles partent à la recherche d’un endroit où elles pourront former un nouveau nid.

Les premiers œufs que pond la reine fondatrice deviendront rapidement des ouvrières, qui la protégeront et la nourriront pour qu’elle continue à ovuler. À ce stade, la femelle deviendra la reine de la nouvelle colonie et il n’y aura aucune nouvelle fourmi reproductrice jusqu’à ce que le nid soit stabilisé.

Cycle biologique

La reine est chargée de pondre des œufs à vie, de sorte que tous les membres du nid sont ses enfants. Avant que ces derniers puissent travailler pour subvenir aux besoins de leur mère, ils doivent se développer pleinement. Leur développement comprend 4 étapes :

  • Oeufs : Ils sont allongés, ovales, blancs et et semi-translucides. Le processus d’incubation dure environ 25 jours, processus pendant lequel les œufs bénéficient des soins des ouvrières.
  • Larves : à ce stade, leur apparence est similaire à celle d’un petit ver sans membres. Les larves restent dans le nid pendant 25 jours supplémentaires et sont nourries par les ouvrières. A la fin de cette période, elles forment le stade nymphal.
  • Pupes : à ce stade, une “coquille” se forme qui recouvre la larve, et la métamorphose a lieu. Ce processus dure 25 jours, après quoi un adulte fonctionnel (travailleur ou reproducteur) émerge.
  • Adultes : c’est la dernière partie du cycle, au cours de laquelle les spécimens présentent les caractéristiques d’une fourmi ouvrière ou d’une fourmi reproductrice (présence d’ailes). L’espérance de vie dépend de la caste : les ouvrières ne vivent généralement pas plus d’un an, alors que la reine vit plus de dix ans.

Combien de fois la reine s’accouple-t-elle ?

Bien que cela semble étrange, la reine ne s’accouple qu’une seule fois dans sa vie pendant le vol nuptial avant de former son nid. En effet, elle stocke le sperme du mâle pour féconder les œufs qu’elle pondra tout au long de sa vie. Elle n’aura ainsi plus besoin de s’accoupler.

Cela soulève une autre question, car à un moment donné, la femelle doit se vider. Elle le fait en pondant des œufs infertiles, qui sont des mâles et ne possèdent que la moitié de ses gènes. C’est d’ailleurs la principale différence entre les deux sexes chez les fourmis : les femelles éclosent d’œufs fertiles, tandis que les mâles éclosent d’œufs infertiles.

La reine stocke le sperme du mâle qui l’a fécondée et sélectionne les ovules qui seront infertiles.

Le comportement des fourmis charpentières

Comme vous pouvez l’imaginer, le comportement de ces fourmis se caractérise par la sociabilité, car elles construisent de grandes colonies. Les membres les plus importants derrière la reine sont les ouvrières, car ce sont elles qui effectuent les travaux les plus lourds. Leurs tâches vont de l’entretien du nid au stockage de la nourriture.

Les fourmis charpentières échappent aux heures les plus chaudes de la journée en étant plus actives la nuit. Malgré cela, elles ne s’adaptent pas bien au froid, raison pour laquelle, pendant l’hiver, elles s’enferment dans leur nid et n’en sortent que si la température augmente. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles elles construisent leurs nids en bois, car ce matériau les garde au chaud à tout moment de l’année.

Par ailleurs, une étude de l’Université d’Aarhus a découvert une adaptation fascinante chez l’espèce vivant dans les mangroves, Camponotus anderseni. Comme elles vivent à proximité de plans d’eau qui peuvent inonder leurs nids, les ouvrières sont capables de respirer de manière anaérobie lorsque l’oxygène est réduit.

Comportement alimentaire

Le régime alimentaire de ces fourmis est varié : il comprend du nectar de plantes, des insectes morts, des fruits et, dans certains cas, de pucerons. Le travail de recherche et de stockage de la nourriture est effectué par les ouvrières, c’est pourquoi ce sont elles qui nourrissent les œufs, les larves et la reine. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, le bois ne fait pas partie de leur alimentation.

Comment contrôler une invasion de fourmis charpentières ?

Le contrôle d’une invasion de ces fourmis dépendra des circonstances et de la gravité du cas. La première étape est toujours la localisation du nid principal.

Pour y parvenir, le plus simple est de rechercher des traces de sciure de bois, car elles témoignent du creusement des ouvrières. Une fois la galerie principale identifié, il faudra pulvériser une petite quantité d’insecticide pour éliminer le nid.

Toutes les traces d’humidité doivent être éliminées, car l’humidité ramollit le bois et favorise l’entrée de ces insectes.

Puis-je me débarrasser seul de ces fourmis ?

Bien que cela semble simple, éradiquer cette infestation est complexe, car la manipulation des insecticides est généralement toxique pour l’homme. Il est ainsi préférable de toujours solliciter l’aide d’un professionnel.

Cela ne veut pas dire que vous ne pouvez pas essayer par vous-même, mais qu’il est préférable de laisser le travail à des professionnels. De plus, à partir de leur expérience, ils peuvent également évaluer la situation et indiquer quelles actions sont nécessaires pour éliminer les fourmis une bonne fois pour toutes.

Fourmi charpentière du genre camponotus.

Malgré tout, ces fourmis ne sont pas dangereuses, tant que les conditions ne sont pas réunies pour qu’elles s’installent. En fin de compte, elles ne recherchent qu’un endroit qui remplit les conditions nécessaires pour leur survie. Les infestations sont la conséquence de nos négligences, alors soyez prudent si vous voulez éviter une invasion.


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