Les mille-pattes sont-ils venimeux ?

Les mille-pattes semblent être amicaux et inoffensifs au premier abord. Pensez-vous qu'ils cachent une sorte de mécanisme de défense ? C'est ce que nous vous invitons à découvrir ici. La réponse n'est pas aussi évidente qu'il y paraît.

Rédigé et vérifié par le biologiste Samuel Sanchez.

Dernière mise à jour : 22 décembre, 2022

Les diplopodes et les chilopodes sont des mille-pattes très similaires, et ce n’est pas étonnant, car ils se trouvent dans le même groupe taxonomique supérieur, le sous-embranchement Myriapoda. Cependant, il est essentiel de les distinguer à l’œil : si les diplopodes semblent inoffensifs, les chilopodes ont, eux, des mâchoires et une morsure puissante.

Quiconque a eu un accrochage avec un scolopendre sait que cet invertébré est dangereux. Maintenant, qu’en est-il des arthropodes qui nous intéressent ici ? Sont-ils venimeux ? Comment se défendent-ils de leurs prédateurs ? Vous arrivera-t-il quelque chose si vous essayez d’en attraper un ? Nous vous apportons ici des réponses.

Les principales caractéristiques des mille-pattes diplopodes

Ces arthropodes se caractérisent par 2 paires de pattes articulées dans chacun de leur segment corporel. Ils appartiennent à la classe Diplopoda et sont divisés en 2 sous-classes différentes : Penicillata et Chilognatha. On estime qu’il y a environ 12 000 espèces au sein de ce groupe, qui sont classées en 16 ordres et 140 familles.

En raison de leur variabilité génétique, les diplopodes sont disponibles dans une grande variété de tailles et de couleurs. Certaines espèces ont une taille maximale de 2 millimètres de long, tandis que d’autres mesurent facilement 35 centimètres de long. Leur corps est divisé en structures répétitives appelées segments (entre 11 et 100 segments).

Les mille-pattes tirent leur nom du grand nombre de membres qu’ils possèdent, mais curieusement, aucune espèce n’a exactement 1 000 pattes. Illacme plenipes est le représentant le plus proche, avec environ 750 pattes au total. Les espèces les plus communes et connues ont entre 34 et 400 pattes.

Chilopodes ou diplopodes ?

Il est très facile de différencier les mille-pattes Diplopoda et les mille-pattes Chilopoda si un certain nombre de paramètres physiologiques sont pris en compte. Ces paramètres sont les suivants :

• Les diplopodes ont 2 paires de pattes par segment, tandis que les chilopodes n’en ont qu’une seule. Par conséquent, les diplopodes ont généralement plus de membres.
• Les diplopodes ont généralement une forme cylindrique, tandis que les chilopodes ont un corps légèrement plus aplati.
• Les chilopodes ont tendance à avoir des antennes plus longues que les diplopodes.
• Les chilopodes ont des mâchoires très évidentes reliées à des glandes vénéneuses. La plupart des espèces ne transportent pas de toxines suffisamment puissantes pour tuer un être humain, mais leur piqûre est très douloureuse.
• Les diplopodes se nourrissent de matière organique en décomposition présente dans les sols (feuilles, bois et fruits), tandis que les chilopodes sont des chasseurs actifs qui s’attaquent aux insectes et aux petits vertébrés. On peut ainsi dire que les chilopodes sont beaucoup plus dangereux.

Ces invertébrés sont-ils venimeux ou dangereux pour l’homme ?

Avant de répondre à cette question, parlons du terme venimeux. Il convient de faire la distinction entre les termes venimeux et vénéneux.

Un animal venimeux porte un organe spécialisé pour inoculer ses toxines. Un serpent a des crocs acérés, un scorpion a une queue urticante et une araignée a des chélicères reliées à une série de glandes productrices de venin. Les chilopodes peuvent être venimeux, car ils mordent activement et inoculent des substances nocives.

D’autre part, un organisme vénéneux est celui qui produit des toxines, mais n’a aucun moyen de les inoculer. Les grenouilles du genre Dendrobates en sont un exemple clair : elles peuvent tuer un être humain avec les composés qu’elles synthétisent, mais seulement si ce dernier les mange. Elles n’utilisent ce mécanisme que lorsqu’elles doivent se défendre.

Les méthodes de défense des mille-pattes

Plusieurs espèces possèdent un potentiel toxique. Beaucoup d’entre elles éjectent une substance très désagréable à travers des structures appelées ozopores présentes dans tout le corps. C’est leur dernière méthode de défense : elles l’utilisent pour décourager tout prédateur.

Ces sécrétions peuvent également être irritantes et contenir des alcaloïdes, des benzoquinones, des phénols, des terpénoïdes et d’autres composés chimiques. Les liquides éjectés peuvent provoquer des brûlures et des démangeaisons cutanées chez l’homme. Si les mains contaminées entrent en contact avec les yeux, une conjonctivite légère peut apparaître.

Par ailleurs, la présence de liquide dans l’environnement oculaire peut provoquer des douleurs, des larmoiements, une inflammation de la cornée (kératite) et, dans les cas extrêmes, la cécité. Il est donc très important de se laver les mains après avoir manipulé l’un de ces arthropodes.

En résumé, la plupart des mille-pattes ne sont pas venimeux, mais vous devez être très prudent lorsque vous les manipulez. Si vous en rencontrez un dans la nature, la meilleure chose à faire est de le laisser poursuivre son chemin et de l’observer à distance. Si vous devez le ramasser pour une quelconque raison, ne le portez jamais à votre visage et lavez-vous très bien les mains ensuite.