Lièvre de mer : habitat et caractéristiques

Le lièvre de mer est un mollusque gastéropode à large distribution. Sa méthode de défense et ses adaptations ne vous laisseront pas indifférent.
Lièvre de mer : habitat et caractéristiques
Samuel Sanchez

Rédigé et vérifié par le biologiste Samuel Sanchez.

Dernière mise à jour : 22 décembre, 2022

Le lièvre de mer (Aplysia dactylomela) est une grande espèce d’invertébrés  appartenant à la famille des Aplysiidae. Ces curieux animaux appartiennent au groupe des mollusques et à la classe des gastéropodes. Ils partagent un taxon avec les escargots et les limaces terrestres.

Comme tous les mollusques, ces animaux n’ont pas de squelette interne complexe. Ils ont un corps mou, sans segments, et un organe d’alimentation spécial avec lequel ils obtiennent leur nourriture, la radula. Si vous voulez en savoir plus sur cette espèce abondante et curieuse, poursuivez donc votre lecture.

L’habitat du lièvre de mer

Tout d’abord, il faut démêler le petit fouillis phylogénétique dans lequel cette espèce se trouve depuis plusieurs années, car cela est essentiel pour comprendre sa dynamique de distribution. Jusqu’à récemment, on croyait que le lièvre de mer se trouvait dans presque toutes les eaux marines tropicales et tempérées du monde, mais ce n’est pas tout à fait le cas.

Cette espèce se trouve dans 3 « noyaux » distincts : l’océan Indien, l’océan Atlantique et l’océan Pacifique, des régions où elle est considérée comme un invertébré indigène. Des études publiées sur le portail BioOne ont montré que la population indo-pacifique est une espèce différente, Aplysia argus, très similaire à leur parent morphologiquement.

Fait intéressant, cette espèce a été vue en mer Méditerranée depuis 2002. Il y a des rapports en Israël, à Malte, en Sicile, en Grèce, en Croatie, aux îles Baléares et en Catalogne (Espagne). On pense que le lièvre de mer pourrait s’être installé dans cette région en raison de l’augmentation globale de la température des écosystèmes marins, due au changement climatique.

Un lièvre de mer sur la plage.

Caractéristiques physiques

Les membres de la famille des Aplysiidae ont une coquille, mais la coquille s’est atrophiée et intériorisée, de sorte qu’elle ne peut pas être vue à l’œil nu. Ce trait les différencie des autres limaces de mer, comme les nudibranches, qui n’ont aucune sorte de structure dure sur leur corps.

Aplysia dactylomela est un mollusque vert jaunâtre, mais sa coloration générale dépend de son alimentation. Par exemple, les spécimens qui consomment principalement des algues rouges ont une teinte orange. Par ailleurs, cette espèce se distingue du reste de son genre par ses anneaux sombres répartis dans tout son corps.

Comme tous les gastéropodes, le lièvre de mer possède une patte, une structure ventrale allongée qui lui permet de se déplacer. Cet organe a une texture rugueuse, tandis que le reste de son corps est très doux au toucher. Les parapodes – des appendices spécialisés – se présentent comme des extensions du pied et permettent à la limace de nager dans la colonne d’eau.

En ce qui concerne la taille de cette espèce, les plus gros spécimens collectés jusqu’à présent mesurent 41 centimètres de long. Bien qu’il s’agisse d’un invertébré sans coquille externe, la constitution générale de cette espèce est épaisse et rugueuse.

La coquille atrophiée de ce mollusque est recouverte par le manteau. Les branchies sont sur le côté droit du manteau, entre la coquille et les parapodes.

Comportement

Les lièvres de mer sont des invertébrés qui vivent dans les herbiers marins. À son stade adulte, cette espèce est strictement nocturne : elle ne commence son pic d’activité qu’une fois le fond sombre. Pour se déplacer, elle peut ramper sur le substrat sableux avec sa patte ou nager dans la colonne d’eau à l’aide de ses parapodes.

Pour nager, elle bouge ses parapodes de haut en bas, créant un “entonnoir” d’eau qui propulse l’invertébré vers l’avant ou vers le haut. Cependant, elle se déplace généralement avec sa patte vers le bas, car cela expose moins l’animal.

L’alimentation du lièvre de mer

Le lièvre de mer est un gastéropode herbivore strict. C’est pourquoi il habite les herbiers marins.

Comme tous les membres de leur famille, ces mollusques ont un appétit très vorace et se nourrissent constamment d’algues vertes et rouges. Parmi les espèces végétales qui en consomment le plus, se distinguent les suivantes : Corallina, Chondrococcus hornemanni, Ulva reticulata et Cladophora.

La radula de cette espèce est essentielle dans le processus d’alimentation. Elle présente des plaques durcies riches en chitine dont le but est de permettre la digestion de très grosses portions d’algues. Comme l’indiquent les études, cette espèce est extrêmement vorace et se distingue par sa consommation et son biocontrôle des algues vertes.

Prédateurs et défenses

Les lièvres de mer ont des méthodes de défense très curieuses. Lorsqu’ils sont menacés, ces invertébrés utilisent leurs parapodes pour se propulser dans la colonne d’eau. Si cela ne suffit pas, ils ont recours à une paire de glandes unique dans le règne animal :

  1. Glande pourpre : elle est située dans la partie supérieure du manteau, au-dessus des branchies. Elle émet des liquides violets. C’est un agent irritant qui déroute les prédateurs.
  2. Glande opaline : elle est située à la base de la cavité du manteau, sous les branchies. Elle produit une sécrétion blanchâtre opaque.

L’idée selon laquelle cette espèce libère des sécrétions face aux menaces provient de diverses études électrophysiologiques. Mais cette idée n’a pas encore été confirmée dans l’environnement naturel.

Reproduction

Dans des conditions de laboratoire, les lièvres de mer se reproduisent en un seul événement, qui dure généralement environ 7 mois. La première décharge d’œufs se produit lorsque le spécimen a atteint l’âge de 2 mois et se poursuit tous les 2 à 4 jours, pendant plus de six mois. Un spécimen peut pondre jusqu’à 67 millions d’œufs en un seul événement de reproduction.

Nous n’allons pas détailler la physiologie du système reproducteur de l’espèce. Il nous suffit de savoir que cette espèce est hermaphrodite. Au stade de la reproduction, un spécimen agit comme un mâle et un autre comme une femelle, le premier étant celui qui introduit ses organes génitaux et libère le sperme dans le canal hermaphrodite de la “femelle“.

Lors d’événements reproductifs, jusqu’à 12 spécimens peuvent être associés en chaîne, avec des fécondations simultanées. Leur stratégie est la promiscuité, “plus on est nombreux, mieux c’est”.

Le développement des larves

Les œufs se développent dans des prairies d’algues, où ils restent protégés des prédateurs potentiels. Une larve véligère en émerge, avec un pied et une carapace bien développés, mais dépourvue de la plupart des structures adultes. Au cours de cette étape, les lièvres de mer font partie du plancton en suspension dans la colonne d’eau.

Une fois qu’elles grandissent, les larves s’installent à nouveau dans les fonds d’algues – à environ 2 ou 3 mètres – et la métamorphose en spécimen adulte a lieu. À l’âge de 2 mois, ces mollusques sont prêts à se reproduire et les événements de reproduction commencent. Après le pic d’activité – au bout de 7 mois – l’adulte commence à perdre du poids et meurt rapidement.

Un très gros lièvre de mer.

Statut de conservation et utilisations humaines

Malheureusement, cette espèce n’a pas été évaluée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). On peut seulement dire qu’il s’agit d’un animal “non éteint”. Sa répartition en mer Méditerranée indique que les populations sont relativement saines.

Le lièvre de mer possède des cellules nerveuses ganglionnaires d’un grand intérêt scientifique, car elles sont très proches de celles des vertébrés. Cela rend l’espèce idéale pour les études électrophysiologiques et l’obtention de connaissances au niveau neurologique.


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