Aigle de Bonelli : habitat et caractéristiques

L'aigle de Bonelli est l'un des aigles les moins connus. Cet aigle est agile, robuste et un grand chasseur. Poursuivez donc votre lecture pour en apprendre plus sur cette espèce.
Aigle de Bonelli : habitat et caractéristiques
Raquel Rubio Sotos

Rédigé et vérifié par la biologiste Raquel Rubio Sotos.

Dernière mise à jour : 06 octobre, 2022

L’aigle de Bonelli (Aquila fasciata), est un rapace appartenant à la famille des Accipitridae. Il s’agit d’une espèce avec une large distribution et des caractéristiques uniques.

Malheureusement, cet aigle est menacé par de multiples actions anthropiques, qui vont du déversement de polluants à la création de poteaux électriques. Si vous voulez tout savoir sur sa biologie, son comportement et sa conservation, poursuivez donc votre lecture.

L’habitat de l’aigle de Bonelli

L’aigle de Bonelli est réparti de l’Asie du Sud jusqu’au bassin méditerranéen et à l’Afrique. Ses principales populations se trouvent dans le sud de la péninsule ibérique et au Maghreb. Il préfère les climats chauds. Ainsi, les endroits très froids  avec des hivers qui descendent en dessous de 2 degrés ne font pas partie de l’aire de répartition de l’espèce.

Son habitat idéal doit abonder en proies et en zones escarpées ou falaises pour la construction de nids. Ces oiseaux fréquentent les zones sèches et montagneuses avec des parois rocheuses et peu d’arbres. Lorsqu’ils s’installent sur un territoire, ils le gardent : ils ne quittent généralement pas les zones de reproduction, sauf en cas de pénurie de nourriture.

Caractéristiques physiques

Parmi les grands aigles, c’est le plus agile et celui avec le corps le moins robuste. Il mesure entre 60 et 70 centimètres de long, a une envergure entre 150 et 170 centimètres et pèse généralement un maximum de 2 kilogrammes. Il vit jusqu’à 30 ans et n’émet généralement pas de vocalisations, sauf pour défendre les zones de reproduction.

Concernant le plumage, les adultes arborent des couleurs très pâles dans la zone inférieure avec des taches réparties longitudinalement. La partie supérieure est brune, avec une tache blanche sur le dos. Les bandes sombres qui se trouvent au bout de leurs ailes et de leur queue sont des caractéristiques qui permettent des les reconnaître en plein vol.

L’aigle de Bonelli juvénule arbore une couleur plus rougeâtre ou cannelle, sans marques jusqu’à sa deuxième année de vie. La partie supérieure est plus foncée, tandis que les bandes au bout des ailes et de la queue se développeront au fur et à mesure de sa croissance. Dès la troisième année, il arborera la même couleur les adultes.

Comme la plupart des rapaces, ces oiseaux ont des griffes puissantes et un bec crochu qui leur permettent de déchirer la chair de leurs proies. Leurs yeux sont jaunes et grands, ce qui leur permet de voir à des distances allant jusqu’à 800 mètres.

Un aigle de Bonelli en vol.

Dimorphisme sexuel

Chez les rapaces, le dimorphisme sexuel s’exprime généralement par la différence de taille. Dans ce cas, les femelles sont plus grandes que les mâles. Alors que ces dernières peuvent avoir 1,80 mètre d’envergure, les mâles ne dépassent généralement pas 1,50 mètre. Quant à la couleur de leur plumage, celui des mâles est un peu plus clair.

Le comportement de l’aigle de Bonelli

L’aigle de Bonelli est territorial : il défend notamment son territoire pendant les périodes de reproduction et lorsqu’il est à proximité du nid. Les rencontres physiques directes sont rares, car les spécimens effectuent des démonstrations de plongée comme moyen de dissuasion.

Les adultes sont sédentaires et ne se déplacent qu’occasionnellement en dehors de leur territoire. Les juvéniles effectuent, eux, des déplacements de plus de 1000 kilomètres à partir de leur zone de naissance, se dispersant ainsi vers d’autres territoires propices à l’espèce.

Cette espèce est en compétition avec l’aigle royal (Aquila chrysaetos). La plus grande preuve en est que dans les régions où vit l’aigle royal, il n’y a pas d’aigle de Bonelli. C’est peut-être parce que les deux consomment des proies et utilisent des zones de nidification très similaires.

Le comportement des nouveaux-nés

Les premiers jours, les nouveaux-nés se consacrent à l’alimentation. Lorsqu’ils gagnent en force et en muscles, ils commencent à exercer leurs muscles alaires en les déplaçant dans le nid. Leurs premiers vols commencent généralement après deux mois. Une fois qu’ils ont acquis la force et l’endurance nécessaires, ils commencent à recevoir l’apprentissage de leurs parents.

Les parents enseignent à leurs petits les techniques de chasse nécessaires à leur survie. Pour ce faire, ils effectuent des vols de groupe, dans lesquels ils effectuent des poursuites entre eux et des vols de plongée. Cette période d’apprentissage dure environ trois mois.

Après cette étape, les juvéniles commencent leur dispersion. Ils s’arrêtent dans des zones de nourriture abondante sans adultes, car ces derniers peuvent les expulser de la zone. Après cette période de dispersion, la plupart retournent dans les aires de reproduction de leurs parents.

Comportement alimentaire

Grâce à sa morphologie, l’aigle de Bonelli est très agile à la chasse. Cela lui permet de capturer à la fois des animaux sur terre et des oiseaux en vol avec une grande précision.

Normalement, il survole son terrain de chasse à moyenne hauteur et, lorsqu’il voit une proie, il se lance. Parfois, il se cache en attendant d’avoir la possibilité d’attaquer sa proie par surprise et à grande vitesse.

Sa nourriture préférée est la perdrix rouge. Ce rapace conomment également des lapins, surtout pendant la saison de reproduction, des pigeons et d’autres petits mammifères et oiseaux. Lorsque la nourriture se fait rare, il chasse des reptiles, principalement les lézards ocellés ou les serpents, mais ces choix sont beaucoup moins fréquents.

Comportement reproducteur

Les aigles de Bonelli sont monogames, c’est-à-dire qu’ils ont un compagnon pour la vie. Les deux parents participent au processus de prise en charge de la progéniture et de la construction du nid.

Les femelles pondent entre un et deux œufs, exceptionnellement trois. L’incubation dure entre 37 et 40 jours et est réalisée par les deux parents, bien que la femelle passe plus de temps à incuber que le mâle.

Parmi les rapaces de la péninsule ibérique, ces aigles sont ceux qui commencent en premier le processus de reproduction. Normalement, les autres espèces commencent à construire ou à réparer leurs nids entre janvier et avril, tandis que les aigles de Bonelli commencent généralement en octobre.

Parade nuptiale et accouplement

La parade nuptiale des aigles de Bonelli s’effectue à travers les vols dits nuptiaux. Ceux-ci consistent en des danses acrobatiques dans les airs entre le mâle et la femelle, y compris des chutes, des pirouettes, des virages serrés et même des spirales.

Entre décembre et avril, de multiples copulations ont lieu, généralement après les vols nuptiaux. La ponte des œufs commence généralement en février, bien que des cas aient été enregistrés en janvier et en avril.

Construction du nid

La construction et l’aménagement des nids commencent en octobre. Les aigles de Bonelli ont généralement plus d’un nid par couple. Le record enregistré est de 18 nids sur 350 mètres. La présence de plusieurs nids permet d’éviter la compétition pour l’espace et les ectoparasites.

Les nids sont construits par les deux parents. Pour leur construction, ils recherchent des zones rocheuses et des falaises difficiles d’accès. Selon la zone dans laquelle se trouve le nid, il peut mesure près de 2 mètres de long, avec juste la bonne place pour les adultes.

Les parents utilisent des plantes pour la construction des nids, notamment le pin maritime (Pinus pinaster) et le chêne vert (Quercus ilex). Si le pin est beaucoup utilisé, c’est parce que sa forte odeur est un répulsif naturel contre les insectes.

Certains aigles de Bonelli font des nids dans les arbres ou sur des lignes électriques, mais c’est rare. Quant à l’orientation du nid, elle varie selon les différentes zones de nidification.

Le statut de conservation de l’aigle de Bonelli

L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) le classe dans la catégorie “Préoccupation mineure”. Toutefois, dans la péninsule ibérique, il est en danger. L’Aigle de Bonelli fait face aux menaces suivantes :

  • Chocs et électrocutions avec les lignes électriques. C’est la principale cause de mortalité de cette espèce. Elle provoque la mort de plus de 50 % des spécimens adultes.
  • Persécution humaine. La chasse illégale est un des principaux facteurs de mortalité de l’aigle de Bonelli.
  • Empoisonnements. Il s’agit principalement d’empoisonnements dus à l’ingestion de métaux lourds.
  • Destruction et altération des habitats.

De multiples études ont été menées pour vérifier l’évolution des populations dans la péninsule ibérique. L’Espagne compte 70 % des couples reproducteurs en Europe et, ces dernières années, la régression des populations dans certaines zones de la région a dépassé les 30 %.

Pour tenter de changer cette situation, le projet Life Bonelli a été lancé, en collaboration avec les institutions GREFA, le réseau Natura 2000, le projet Life et différentes institutions gouvernementales. Ce projet se charge de l’élevage en captivité, la libération de spécimens, l’étude des aires de nidification, le suivi des spécimens et l’éducation citoyenne, entre autres.

Un aigle de Bonelli sur une branche.

Si ces mesures continuent d’être maintenues, le déclin des populations d’aigles de Bonelli sera inversé. Ce fascinant rapace doit être conservé pour le bon fonctionnement des écosystèmes, car c’est un élément clé de la chaîne alimentaire.


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