Le lézard à cornes : un reptile qui pleure du sang

La défense du lézard à cornes face aux nombreux prédateurs qui le guettent se base principalement sur l'immobilisation et le camouflage. Il a cependant toute une caisse d'outils avec d'autres mécanismes. Nous les détaillons ici.
Le lézard à cornes : un reptile qui pleure du sang
Luz Eduviges Thomas-Romero

Rédigé et vérifié par la biochimiste Luz Eduviges Thomas-Romero.

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Jusqu’à maintenant, il existe 20 espèces connues de lézard à cornes, toutes appartenant au genre Phrynosoma. Chacune d’elles se distingue par la couleur, la taille, la quantité et la disposition de ses cornes et épines le long de son dos.

La majorité ont la taille d’un paquet de cartes : elles ont des corps larges et plats et des pattes courtes et trapues. Quand ces lézards courent, ils donnent le meilleur d’eux-mêmes mais ils ne sont simplement pas faits pour la vitesse.

En revanche, et cela n’en fait aucun doute, ils sont faits pour la défense. Ils doivent d’ailleurs l’être, car ils ont beaucoup de prédateurs. Certaines espèces de lézards à cornes sont connues pour faire gicler du sang nauséabond de leurs yeux quand elles se retrouvent prises au piège.

Où pouvons-nous croiser un merveilleux lézard à cornes ?

Les lézards à cornes vivent principalement dans les lieux secs. On les trouve au Guatemala, au Mexique, dans les déserts d’Arizona et de Californie, ainsi que dans les prairies arides du sud du Canada.

Habituellement, ils constituent la proie des faucons, des passereaux, des grands géocoucous, des serpents, des coyotes, des renards, des loups, des lynx et même des souris sauterelles carnivores. En réalité, dans les zones désertiques, tout animal qui aperçoit un lézard à cornes souhaite le manger.

Il s'agit d'un lézard à cornes.

Un pro de la cachette

Le camouflage est incontestablement sa première ligne de défense. Les lézards à cornes adaptent leurs couleurs à l’environnement, se mêlant ainsi aux tons marrons ou gris moucheté de la boue.

Certaines espèces imitent aussi des objets non comestibles. C’est ainsi le cas du lézard à cornes à queue ronde, presque impossible à déceler dans les roches où il se cache quand il courbe le dos et replie ses pattes.

Le sang-froid et les nerfs d’acier du lézard à cornes

Beaucoup de prédateurs détectent leurs proies quand elles bougent : le lézard à cornes le sait et il domine donc l’art du calme. Il est surprenant de voir que la disposition de ses cornes sur le bord de son corps supprime les ombres qu’il projette au sol, comme une cape d’invisibilité.

Quand un prédateur approche, les lézards ne bougent pas. Ils ne le font qu’après avoir évalué le danger, après avoir observé leur attaquant avec précaution et réfléchi à la technique de défense adéquate.

Le premier plan de défense des lézards à cornes est tout simplement d’être difficiles à trouver. Leur physique les aide beaucoup.

La stratégie à adopter dépend de l’attaquant

Les canidés utilisent leurs dents et leurs griffes pour dépecer leurs proies en petits morceaux. Les serpents, de leur côté, avalent leur repas d’un coup. Une souris sauterelle, elle, préférerait mordiller sa proie au niveau du crâne pour atteindre le cerveau.

Les serpents fouets sont rapides et chassent activement leurs proies. Le corpulent lézard à cornes, lui, ne pourrait pas échapper à leur attaque : c’est pour cela qu’il choisit de se camoufler et de rester immobile.

Cependant, les serpents à sonnette ne poursuivent pas leurs proies : ils attendent qu’elles soient tout près d’elle avant d’attaquer. Ainsi, quand un lézard à cornes croise la route d’un serpent à sonnette, il s’enfuit pour survivre, car il sait que ce grand prédateur ne le suivra probablement pas.

Même si aucune défense n’est infaillible, généralement, rester immobile devant un serpent fouet et s’enfuir devant un serpent à sonnette sont les meilleures chances de survie du lézard à cornes.

Si le lézard à cornes se retrouve pris au piège, tout n’est pas perdu

Même dans des circonstances difficiles, le lézard à cornes a plusieurs cordes à son arc. Si l’attaquant est un serpent ou un oiseau, comme un Grand géocoucou, le lézard à cornes risque d’être avalé tout entier. Mais ce reptile épineux ne facilitera pas les choses à son prédateur.

Une fois le moment venu, le lézard se penchera sur ses pattes avant et déploiera ses côtes pour former un bouclier dorsal ou bien gonflera son torse pour se grandir le plus possible. Et il faut bien dire que cette technique fonctionne. On a pu voir des cas où un serpent fouet abandonnait car il ne pouvait tout simplement pas mettre le lézard tout entier dans sa bouche.

Bien évidemment, le camouflage et l’armure ne sont pas toujours suffisants. Mais ce dernier réussit parfois à défier son ennemi : il n’est en effet pas inhabituel qu’un lézard à cornes se loge dans la gorge ou l’estomac d’un oiseau ou d’un serpent, tuant ainsi son attaquant.

Le reptile qui pleure du sang

Il s’agit de la défense la plus connue des lézards à cornes : le jet de sang. Cette stratégie est réservée à deux groupes de prédateurs : les chats et les canidés qui incluent les chiens, les coyotes et les loups.

La technique est très simple. Une poche sous les yeux du lézard se gonfle au fur et à mesure qu’elle se remplit de sang. Le lézard gère alors une soudaine hausse de pression et le sang gicle si fort qu’il peut aller jusqu’à deux mètres.

Cela leur permet de lancer leur sang, ce qui ne plait pas du tout à ces chasseurs. Une fois que le sang atteint la bouche de l’attaquant, ce dernier secoue la tête, salive énormément et essaye de l’expulser. Il mettra alors une quinzaine de minutes à récupérer.

Voici un lézard à cornes.

Pourquoi les jets de sang fonctionnent-ils ?

Le sang contient une substance chimique qui est abominable pour le palais des canidés et des félins. La défense du sang est plus efficace quand elle atteint directement la bouche du prédateur plutôt que les yeux ou le nez.

Cela pourrait expliquer pourquoi les lézards à cornes attendent souvent la dernière seconde pour faire gicler leur sang, quand ils sont déjà dans la gueule de leur attaquant.

Ce goût désagréable provient sans doute d’un composé issu de la nourriture du lézard à cornes. Ce reptile mange des fourmis extrêmement venimeuses.

Un survivant né

Pour conserver les amphibiens et les reptiles, nous devons comprendre l’histoire de leur vie. Ce n’est qu’à partir de cette compréhension que l’on peut planifier la récupération des espèces et de leurs écosystèmes. La recherche et une bonne divulgation sont essentielles pour atteindre cet objectif.


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