Stomatite chez les reptiles : causes, symptômes et traitement

La stomatite est une affection ulcéreuse de l'environnement buccal qui peut survenir chez tous les reptiles, mais surtout chez les serpents. Elle devient généralement grave si elle n'est pas traitée à temps.
Stomatite chez les reptiles : causes, symptômes et traitement
Samuel Sanchez

Rédigé et vérifié par le biologiste Samuel Sanchez.

Dernière mise à jour : 22 décembre, 2022

La stomatite est une pathologie très courante chez les reptiles sauvages qui se retrouvent dans le commerce illégal d’animaux de compagnie. Cette condition est généralement dérivée du stress, de mauvais soins, de l’immunosuppression et d’une mauvaise qualité de vie en général.

La maladie qui nous intéresse ici montre que retirer les animaux de leur environnement naturel n’est jamais une bonne chose. La stomatite est plus observable chez les serpents que chez les autres taxons de reptiles, mais tous y sont sensibles.

Ci-dessous nous vous disons tout ce que vous devez savoir sur cette maladie infectieuse potentiellement mortelle. Poursuivez donc votre lecture !

Qu’est-ce que la stomatite ?

La stomatite est une réponse inflammatoire dans la cavité buccale du reptileà un événement traumatique, infectieux, métabolique ou néoplasique (tumeur). C’est l’une des nombreuses affections qui font partie du groupe des maladies du tube digestif supérieur, aux côtés des pathologies oesophagiennes, pharyngées et dentaires.

La stomatite affecte principalement les serpents qui ont été retirés de leur habitat naturel pour être maintenus en captivité. Selon sa gravité, elle se divise en plusieurs phases. Ce sont suivantes :

  1. Phase I (aiguë) : il y a une augmentation de la densité de la salive sécrétée par l’animal atteint. De plus, l’apparition de pétéchies (taches rouges) dans la cavité buccale est un symptôme caractéristique de ce stade.
  2. Phase II (purulente) : comme son nom l’indique, dans cette phase le reptile commence à produire du pus dans la cavité buccale. Les plaques purulentes deviennent efficaces et, dans les cas les plus graves, une déformation faciale se produit.
  3. Phase III (perte des dents) : il y a nécrose du tissu gingival (gencives) et les dents de l’animal tombent. Dans certains cas, la langue peut également être complètement détachée.

Si cette maladie n’est pas traitée, elle peut entraîner une ostéomyélite (infection des os), une pneumonie et une gastrite infectieuse. Cela signifie que les bactéries qui infectent la bouche sont capables de se propager au reste des organes de l’animal et ainsi de provoquer une grave atteinte systémique.

Un boa avec la bouche ouverte.

Les causes de la stomatite

Les causes de la stomatite sont très diverses, bien qu’elles soient toutes liées à la mauvaise manipulation et aux mauvais soins du reptile captif. Nous pouvons regrouper son étiologie en 2 groupes, mais gardez à l’esprit que les deux sont liés l’un à l’autre.

Les causes infectieuses

Dans tous les cas, la stomatite est causée par une infection. Ce tableau clinique peut provenir d’une prolifération de bactéries commensales dans l’environnement buccal du reptile. Parmi les genres bactériens les plus signalés, figurent Aeromonas spp., Pseudomonas spp., Klebsiella spp., Proteus spp. et Salmonella spp.

Certains agents viraux déclenchent également une stomatite, en particulier chez les tortues. Les familles pathogènes les plus impliquées dans ces tableaux cliniques sont les Paramyxoviridae, les Retroviridae et les Herpesviridae.

Ces virus sont généralement permanents. C’est-à-dire que l’infection est réactivée ou diminue en intensité selon l’état de santé du reptile, mais ne disparaît jamais complètement.

Certains champignons et parasites complexes peuvent provoquer une stomatite, mais c’est plus rare.

Les causes physiques

Cette catégorie comprend tous les déclencheurs pouvant provoquer un stress physiologique chez l’animal. Un état de vigilance prolongé se traduit par une immunosuppression, à savoir un système immunitaire en mauvaise santé. Par conséquent, le reptile sera plus sujet aux infections par des organismes qui, dans une situation normale, ne sont pas nocifs.

L’humidité excessive du terrarium, le substrat inadapté, la température trop basse, le manque d’enrichissement de l’environnement, un espace limité et la malnutrition sont les principaux agents responsables de cette catégorie. Une carence en vitamine C et des déséquilibres calcium/phosphore ont été observés dans de nombreux cas.

La maladie est aussi parfois associée à des blessures physiques à la bouche causées par des proies lors de la chasse.

Les symptômes de la stomatite

Les symptômes de la stomatite chez les reptiles varient en fonction de la progression de l’infection. Dans tous les cas, il est possible de citer une série de signes cliniques généraux faciles à identifier. Ce sont les suivants :

  • Anorexie. Comme vous pouvez l’imaginer, un reptile atteint de stomatite arrêtera de manger dans tous les cas, surtout au cours des phases II et III de la maladie.
  • Dysphagie ou difficulté à avaler une proie. Ce signe clinique est particulièrement évident chez les serpents, car en situation normale ils peuvent déboîter leurs mâchoires pour ingérer de très grosses proies.
  • Salivation excessive pendant la phase I.
  • Excrétion de pus par la bouche et rougeur buccale pendant les phases II et III.
  • Malformations crâniennes, incapacité à fermer la bouche et perte de dents dans les cas les plus sévères.
  • Symptômes systémiques de pneumonie et de gastrite si l’infection se propage dans tout le corps.

Le signe clinique le plus courant est la présence d’un film blanchâtre autour de la bouche du reptile. Ce symptôme est un motif de consultation urgent, car l’infection peut se propager rapidement aux poumons et au système digestif. À ce stade, des symptômes respiratoires et gastriques généraux apparaissent.

Le diagnostic

Tout diagnostic commence par des questions du vétérinaire au maître de l’animal, afin de détecter une éventuelle négligence de la part de ce dernier. Il est nécessaire d’être honnête sur les conditions du terrarium et sur le régime alimentaire de l’animal. Autrement, la détection du tableau clinique peut prendre plus de temps.

Le vétérinaire devra ouvrir la cavité buccale du reptile avec des instruments spéciaux pour détecter d’éventuels dommages au niveau des muqueuses. L’un des paramètres les plus importants à détecter est la présence de sécrétions et d’ulcères et la capacité (ou l’incapacité) de l’animal à fermer la glotte.

En plus de l’analyse physique, un test sanguin, une culture microbienne de la muqueuse buccale et une analyse du tissu buccal au microscope sont nécessaires. Les radiographies ne sont nécessaires que lorsqu’un abcès est suspecté de causer des dommages à l’environnement squelettique de l’animal.

Le traitement

Le traitement vise toujours à empêcher la propagation de l’agent pathogène et à maintenir l’animal métaboliquement actif (il doit manger et boire). Tout d’abord, un lavage bucco-dentaire soigneux avec des solutions d’iode à 1% et de chlorhexidine à 0,25% est nécessaire chaque jour, que ce soit en clinique ou à domicile.

Dans les cas légers et modérés, des antibiotiques locaux sont appliqués, en particulier des tétracyclines, des quinolones et des aminosides. Dans les cas les plus graves, le médicament doit être administré par voie systémique, car les bactéries auront colonisé d’autres parties du corps du reptile. Ces médicaments ne sont pas utiles lorsque l’infection est virale ou fongique.

Si l’animal arrive anorexique ou déshydraté à la clinique, l’administration de sérum de soutien parentéral sera nécessaire jusqu’à ce qu’il retrouve sa normalité métabolique. Il est très important de prévenir la déshydratation, car cela ne fera qu’augmenter le risque de décès.

Une fois stabilisé, il est nécessaire de vérifier l’état général du terrarium du reptile et de corriger les mauvais paramètres. Le régime alimentaire doit également être revu.

L'œdème chez les reptiles peut être fatal.

Le pronostic de la maladie dépend beaucoup de l’engagement du maître. Cette condition peut être soignée, mais la maladie reviendra si les conditions de captivité du reptile restent mauvaises. Il est nécessaire de revoir les paramètres requis par chaque espèce d’animal exotique et de les ajuster à la perfection pour éviter ce type de conditions mortelles.


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