Les animaux peuvent-ils être accros aux substances ?

Comme nous, les animaux peuvent devenir dépendants aux substances. Découvrez ici les cas les plus célèbres de ce phénomène.
Les animaux peuvent-ils être accros aux substances ?

Dernière mise à jour : 01 août, 2022

Les êtres humains ne sont pas les seuls sur Terre à voir leur système nerveux altéré après la consommation de certaines substances. Les animaux non humains peuvent également être accros à des produits chimiques, car les mécanismes cérébraux de nombreuses espèces, y compris la nôtre, sont similaires.

Soit par leur propre volonté, soit par l’action de l’homme, de nombreuses espèces consomment des composés qui modifient leur comportement. Nous vous présentons ci-après les exemples les plus curieux documentés à ce jour. Poursuivez donc votre lecture !

Les modèles animaux de la dépendance

Les recherches sur le fonctionnement et les effets des médicaments chez l’homme ont été principalement menées sur des animaux de laboratoire, comme les rats, les porcs et les poissons (également des primates à d’autres époques). Ces études avaient pour but de rechercher le bénéfice de l’homme, mais elles ont également permis d’explorer les mécanismes cérébraux de l’addiction.

Le processus neurologique à l’origine d’une dépendance est similaire entre les humains et les non-humains : la dopamine et le système limbique sont les principaux responsables de la régulation des circuits de récompense dans le cerveau.

Ces voies nerveuses ont une fonction claire, qui est d’encourager des comportements répétés qui produisent du plaisir de manière soutenue.

Dans la plupart des expériences, les animaux montrent des signes de préférence pour les aliments contenant des substances addictives et les recherchent activement, en plus de montrer des signes de sevrage lorsqu’ils ne les reçoivent pas.

Les substances chimiques induisent l’activation ou l’inhibition des récepteurs neuronaux correspondants, créant une réponse conditionnée et non naturelle pour que l’individu continue de consommer le composé chimique. La structure du cerveau et le fonctionnement physiologique changeront également à long terme avec l’utilisation de la substance prise.

Malheureusement, le cerveau « s’habitue » à ces pics d’activité induits par les substances, d’où une dépendance à la fois physique et émotionnelle. Comme vous pouvez l’imaginer, cela se produit également chez les animaux de laboratoire qui sont exposés à des médicaments.

Une souris de laboratoire.

Les animaux sauvages peuvent-ils être accros aux substances ?

Dans la nature, il existe également des cas d’animaux accros à certaines substances. Certains animaux consomment de manière récurrente une substance due aux effets agréables qui en découlent.

Vous vous demandez sûrement quels sont ces animaux ? Et comment faire la distinction entre une substance qui rend malade et une autre qui fait planer ? Voici quelques exemples bien connus pour satisfaire votre curiosité :

  • Le renne (Rangifer tarandus). Ces cervidés sont attirés par les champignons hallucinogènes (Amanita muscaria). Des témoins affirment qu’après les avoir consommés, les rennes courent et sautent de manière erratique, font des bruits étranges et secouent la tête.
  • L’éléphant de savane (Loxodonta africana). Les pachydermes recherchent activement le marula (Sclerocarya birrea), dont les fruits ont un goût sucré. Lorsque ces fruits sont trop mûrs, ils fermentent en créant de l’éthanol. Les éléphants se comportent de manière erratique après les avoir consommés, car ils ont du mal à métaboliser cet alcool.
  • Le chat domestique (Felis silvestris catus). L’histoire des félins avec la chataire (Nepeta cataria) est bien connue. Cette herbe produit des effets allant de l’hyperactivité et de la détresse à la somnolence et à la bave. Les grands félins montrent également une prédilection pour cette plante.
  • Le dauphin (famille des Delphinidae). En 1995, après avoir observé un groupe de dauphins traquant un poisson-globe, la biologiste Lisa Steiner a émis l’hypothèse selon laquelle ces cétacés étaient en train de s’intoxiquer avec la tétrodotoxine que le poisson sécrétait activement. Cela reste à confirmer, car il n’est pas exclu que l’empoisonnement soit un accident dérivé du jeu avec le poisson.
  • Le wallaby (famille des Macropodidae). Les producteurs de pavot de l’île de Tasmanie (Australie) rapportent que les wallabies pénètrent dans leurs cultures pour manger les plantes qu’ils cultivent comme matière première pour la production d’analgésiques. Après avoir mangé des pavots, les marsupiaux tournent en rond jusqu’à perdre connaissance.
  • La mouche (Drosophila melanogaster). C’est un cas vraiment curieux. Selon une étude menée en 2012, les mouches mâles privés de l’accouplement ont tendance à consommer de l’éthanol. Il semble que l’acte d’accouplement et l’effet de l’alcool partagent des voies dans les systèmes de récompense du cerveau, il s’agit donc d’un moyen de se soulager artificiellement pour les mouches célibataires.

La recherche du plaisir et de nouvelles expériences n’est pas exclusive à l’être humain, comme vous pouvez le constater. Cependant, il convient d’être prudent lorsqu’il s’agit d’humaniser le comportement des animaux, car l’observation directe peut être trompeuse. En fin de compte, le sens de tout comportement dépend de qui l’interprète.

L’impact humain sur les addictions animales

Parfois, les animaux n’ont pas d’autres choix que de consommer certaines substances, à cause de l’homme qui pollue leur environnement. Une étude publiée sur Journal of Experimental Biology a révélé que les méthamphétamines libérées par les usines chimiques dans les rivières avaient rendu accro les poissons qui les habitaient.

Les stations d’épuration ne peuvent pas éliminer la plupart des drogues illicites et des médicaments rejetés, ce qui affecte les espèces indigènes.

Des cas de changement de sexe chez des poissons ont également été décrits dans de l’eau contaminée par des contraceptifs. Des variations comportementales ont également été observées dans la faune aquatique dans laquelle des restes dissous d’antidépresseurs avaient été déversés.

Les poissons sont accros à la méthamphétamine de rivière.

En résumé, la dépendance des animaux aux substances chimiques est une arme à double tranchant. D’une part, ce comportement est curieux à observer et sert de modèle pour enquêter sur les addictions humaines. De l’autre, tout cela nous rappelle la nécessité de réévaluer l’impact que nous avons sur notre planète.


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