Les requins ont des relations durables

Les requins, classés comme des animaux solitaires, peuvent faire des exceptions jusqu'ici inconnues.
Les requins ont des relations durables

Dernière mise à jour : 25 juillet, 2021

Les requins font partie des espèces dont l’image a été le plus déformée par les représentations humaines. Des films, des histoires et même certains documentaires les reflètent comme des prédateurs impitoyables, cruels et solitaires.

Heureusement, cette image perd progressivement en force grâce aux études et aux campagnes de sensibilisation. Mais qu’en est-il de leur comportement solitaire ? Eh bien, récemment, une étude a été publiée qui montre qu’aucune règle n’est absolue : il semble que le requin soit également capable d’entretenir des relations affectives durables.

Les caractéristiques de l’étude

L’étude qui nous concerne dans cet article a pris comme objet d’étude les requins-bouledogues (Carcharhinus leucas). Ces requins peuplent les eaux autour des Fidji et, malgré leur apparence menaçante, ils sont très paisibles et peuvent nager près des humains sans que ces derniers soient en danger.

La longueur moyenne de ces poissons, qui il y a quelques années pouvait mesurer 3 mètres de long, a été réduite à 2,3 mètres en raison de la chasse intensive des plus gros spécimens.

La publication citée est une étude longitudinale qui a enregistré les mouvements de 91 spécimens de requins-bouledogues sur 13 ans. Les différents spécimens étaient identifiés par des cicatrices, des déformations ou des membres manquants. 3 000 plongées ont été effectuées dans la réserve marine de Shark Reef (SRMR) aux Fidji.

L'un des requins géants.

Résultats : les requins entretiennent des relations durables

Bien qu’un comportement d’affiliation parmi les requins ait déjà été observé auparavant, les conditions étaient peu fiables, car il s’agissait d’une exploitation d’aquaculture dans laquelle ces poissons ne peuvent pas se comporter naturellement. De plus, tant la durée de l’étude que le nombre de spécimens étaient trop peu nombreux.

Cependant, les résultats de cette enquête antérieure ont été confirmés par l’étude qui nous intéresse ici. Dans cette nouvelle étude, on a noté le nombre de fois où un même requin apparaissait au cours de différentes plongées, et avec quels autres requins.

Non seulement l’idée que certains requins préféraient certains compagnons s’est renforcée, mais ces affiliations se sont maintenues au fil du temps. En dépit d’être des animaux solitaires, l’abondance de nourriture qui est fournie par le tourisme de plongée fait que les requins s’allient pour se nourrir sans rivaliser.

L’alimentation directe des requins semblait favoriser la dynamique de fission-fusion parmi les spécimens qui venaient chaque jour sur le site de plongée.

Un point reste toutefois à élucider. Les requins-bouledogues de l’étude n’ont pas besoin de rivaliser les uns avec les autres pour se nourrir, puisque les visiteurs les alimentent. Mais on ne sait pas si, dans un scénario avec des ressources limitées, ils s’allieraient les uns aux autres.

Par ailleurs, le nombre de requins qui s’approchent de la réserve pour se nourrir augmente progressivement. Ces regroupements, où le risque de prédation et de compétition est réduit, sont également bénéfiques pour trouver un partenaire en période de reproduction.

L’amitié entre requins est possible

Les chercheurs ont ajouté une nuance supplémentaire à leurs conclusions : parler d’amitié entre requins est une idée anthropocentrique. En d’autres termes, l’application de processus biologiques tels que la grégarité aux animaux solitaires d’une manière déterministe est imprudente.

En effet, il est facile de tomber dans l’identification avec d’autres espèces, même si les différentes espèces sont biologiquement parlant très éloignées. Bien que cela favorise l’empathie et permette d’approcher progressivement les bases universelles du comportement, l’identification entre espèces doit suivre une démarche scientifique.

Un requin noir dans les profondeurs.

Ce qui est clair, c’est que ces découvertes sont le signe que rien n’est absolu et que la nature d’une espèce ne détermine pas complètement son comportement. Même depuis un point de vue anthropomorphique, cette étude montre qu’il n’y a pas besoin de guerre quand il y a suffisamment de ressources pour tous.


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  • Bouveroux, T. (2021). Companions and Casual Acquaintances: The Nature of Associations Among Bull Sharks at a Shark Feeding Site in Fiji. Frontiers. https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmars.2021.678074/full
  • Loiseau, N., Kiszka, J. J., Bouveroux, T., Heithaus, M. R., Soria, M., and Chabanet, P. (2016). Using an unbaited stationary video system to investigate the behaviour and interactions of bull sharks Carcharhinus leucas under an aquaculture farm. Afr. J. Mar. Sci. 38, 73–79. doi: 10.2989/1814232x.2016.1156578

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