Mérou rayé : habitat et caractéristiques

On estime qu'un mérou rayé peut parcourir plus de 220 kilomètres en un an. Apprenez-en plus ici sur ce fascinant actinoptérygium.
Mérou rayé : habitat et caractéristiques
Cesar Paul Gonzalez Gonzalez

Rédigé et vérifié par le biologiste Cesar Paul Gonzalez Gonzalez.

Dernière mise à jour : 21 décembre, 2022

Le mérou rayé (Epinephelus striatus) est un poisson commun exploité commercialement, que l’on trouve sur plusieurs récifs coralliens. Il appartient à la famille des Serranidae, l’une des familles les plus grandes éparties dans les eaux marines. Cette espèce était autrefois considérée comme l’une des plus abondantes au monde, mais elle est aujourd’hui en danger critique d’extinction.

Ce poisson un prédateur qui rivalise activement avec les barracudas, les requins et autres poissons. Grâce à la diversité de sa coloration et son importance économique, il a été un pilier important pour l’industrie de la pêche.

Cependant, il est actuellement confronté à des risques qui peuvent menacer sa population. Poursuivez donc votre lecture pour en savoir plus sur ce curieux poisson.

L’habitat du mérou rayé

Le mérou rayé est une espèce tropicale qui couvre une grande partie des côtes de l’océan Atlantique. Il est possible de le trouver dans les régions des Caraïbes, dans les Bermudes, en Floride, dans la péninsule du Yucatán et au Venezuela.

Cette espèce préfère les récifs d’eau peu profonde, mais peut atteindre des profondeurs allant jusqu’à 100 mètres. Il est également courant de voir des spécimens dans les herbiers marins, les trous et les crevasses avec une bonne visibilité. De leur côté, les jeunes sélectionnent des habitats avec des coraux et une grande quantité de microalgues.

Ces animaux sont euryhalins, ils peuvent donc tolérer différentes gammes de salinité. De plus, au fur et à mesure qu’ils grandissent, ils modifient légèrement leur habitat. C’est pour cette raison qu’ils vivent dans un large éventail d’écosystèmes : ils sont dotés de mécanismes qui leur permettent de conquérir divers environnements.

Un mérou rayé dans les fonds marins.

Caractéristiques physiques

En ce qui concerne sa coloration, cette espèce a un motif de rayures similaire à celui des zèbres, composé de rose-rouge, d’orange et de blanc. De plus, les spécimens adultes présentent 5 bandes sombres réparties le long du corps, et une ligne dorsale qui part de la bouche et s’étend jusqu’à la nageoire dorsale.

Les plus gros spécimens peuvent atteindre 1,2 mètre de long, mais la plupart restent autour de 72 centimètres. De même, ils peuvent peser jusqu’à 27 kilos, mais la moyenne est de 12 kilos.

Certains spécimens sont capables de changer de coloration, en réponse à un stimulus ou en signe d’agression. Cette oscillation tonale se produit en quelques minutes :  la coloration rayée habituelle devient beaucoup plus uniforme. La variation chromatique dépend de l’état « émotionnel » de l’animal.

Le comportement du mérou strié

Cette espèce a un comportement solitaire. Les mérous rayés sont des prédateurs silencieux et traquent leurs proies dans des trous ou d’autres abris. De plus, ils préfèrent chasser dans l’obscurité, ils ne sont donc pas très actifs pendant la journée. De manière général, ils sont très agressifs, même en période de reproduction.

Selon une étude de la North Carolina State University, leurs préférences quant à l’habitat changent à mesure qu’ils mûrissent. À la naissance, ils préfèrent s’abriter dans des zones riches en microalgues pour pouvoir se cacher et avoir de la nourriture. Au fur et à mesure qu’ils grandissent, ce n’est plus nécessaire, ils sortent donc de leur cachette et se déplacent librement.

Ce comportement maintient l’espèce en sécurité jusqu’à ce qu’elle soit assez grande pour pouvoir faire face à ses prédateurs. Il a également été observé que ces animaux sont très fidèles à l’endroit où ils sont nés, puisqu’ils y retournent pour frayer.

Enfin, il convient de noter que la possibilité de changer de coloration sert de moyen de communication entre eux. La variation chromatique peut signifier un avertissement ou un appel à la copulation, entre autres.

Les différentes espèces de mérou

Bien que nous ayons parlé ici du mérou rayé, d’autres espèces qui font partie de la famille des Serranidae. Les plus connues sont les suivantes :

  • Mérou nègre (Epinephelus morio) : très commun sur les côtes du golfe du Mexique, ce poisson peut mesurer jusqu’à 125 centimètres de long. Sa couleur est brun rougeâtre.
  • Epinephelus nigritus : un poisson pouvant atteindre 230 centimètres de long. Il est réparti dans l’Atlantique Ouest, dans le golfe de Cariaco, au Venezuela. Il est aussi appelé « simple bartotero ».
  • Epinephelus analogus : cette espèce atteint 104 centimètres de long et est répartie dans les régions du Pacifique oriental, allant de la Californie au Pérou et aux îles Galapagos.
  • Epinephelus itajara : c’est un organisme capable d’atteindre 175 centimètres de longueur. Sa distribution comprend des régions de l’Atlantique et du Pacifique, coïncidant pour certaines avec celle du mérou rayé.

Les différentes espèces de famille des Serranidae  partagent nombre de leurs caractéristiques. Les principales différences entre les taxons sont généralement leur poids, leur taille et leur répartition géographique.

L’alimentation du mérou rayé

Ces mérous peuvent être considérés comme des animaux prédateurs généralistes, mais ils ont une méthode unique pour engloutir leurs proies. Pour les attraper, ils créent une succion à travers leurs branchies, ce qui permet à leur nourriture d’entrer dans leur bouche rapidement avec une dépense énergétique minimale.

Au fur et à mesure de leur croissance, la taille des proies consommées par ces animaux augmente également. Alors que les jeunes mangent quelques crustacés ou bivalves, les adultes se nourrissent de poissons, de homards et de gastéropodes.

Reproduction

Ce poisson est considéré comme hermaphrodite, puisqu’il naît avec deux gonades immatures, mais à l’âge adulte, il se développe en tant que mâle ou femelle. Son mécanisme de reproduction est encore plus complexe : il a la capacité de détecter les changements dans les phases lunaires.

Le mérou rayé forme des groupes pour se reproduire. C’est la seule fois où il est considéré comme sociable. Entre décembre et janvier, une seule nuit par an et pendant la pleine lune, les spécimens se rassemblent pour frayer dans un endroit précis. Cet endroit est situé au bord du récif, dans des eaux peu profondes, dans lesquelles environ 100 000 individus passent plus de 3 jours à fertiliser leurs œufs.

Les œufs éclosent au bout de 24 ou 48 heures. Les premiers mouvements des petits consistent toujours à chercher un endroit où s’abriter. À ce stade, les parents ne donnent aucun soin parental à la progéniture : une fois la ponte terminée, ils se retirent du site.

Les jeunes mûrissent lentement, et à l’âge de 4 ou 8 ans, ils atteignent le stade reproducteur. A partir de ce moment, ils finissent leur développement et se transforment en femelles ou en mâles, moment auquel le cycle de vie se répète.

L’état de conservation du mérou rayé

L’un des grands problèmes de cette espèce est la surexploitation. Au début, c’était un poisson assez abondant dans son aire de répartition d’origine. Malheureusement, après des années de pillage, le mérou rayé est maintenant répertorié comme « en danger critique » selon l’Union internationale pour la conservation de la nature.

Malgré le fait qu’il existe déjà des programmes qui réglementent sa pêche, la population continue de diminuer, une diminuation à la fois soutenue et préoccupante. Cela signifie simplement que les efforts ne sont pas suffisants, et qu’une action plus sévère est probablement nécessaire.

Un mérou rayé.

Cette espèce possède des caractéristiques parmi les plus étonnantes. Une solution possible à son problème serait donc de promouvoir l’écotourisme, ce qui aiderait à la conservation et produirait des bénéfices. La nature et l’homme peuvent atteindre un équilibre, du moins c’est ce à quoi nous devrions aspirer.


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