L'ours blanc est-il en danger d'extinction ?

L'ours blanc a l'un des taux de reproduction les plus bas de tous les mammifères. De plus, il atteint la maturité sexuelle tardivement, ce qui le rend très vulnérable à toute modification de son environnement.
L'ours blanc est-il en danger d'extinction ?
Georgelin Espinoza Medina

Rédigé et vérifié par la biologiste Georgelin Espinoza Medina.

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

On a beaucoup entendu parler du changement climatique et de la menace qu’il représente pour la vie sur la planète. L’un des animaux qui n’échappe pas à ses effets est l’ours blanc ou polaire, qui livre un combat acharné pour sa survie. L’ours blanc est-il réellement en danger d’extinction ?

L’ours polaire ou Ursus maritimus est le roi de l’Arctique et un maillon indispensable de son écosystème. De plus, c’est un indicateur clé de la santé environnementale de l’hémisphère nord. Cependant, malgré ses dimensions, il n’est pas à l’abri du danger. Poursuivez donc votre lecture pour découvrir quelles menaces pèsent sur lui et quels plans d’action ont été mis en place pour l’aider à survivre.

Les principales caractéristiques de l’ours blanc

Le principal aspect qui attire l’attention chez les ours blancs est leur taille. Les mâles peuvent mesurer jusqu’à 2,6 mètres de long, tandis que les femelles mesurent environ 2 mètres. L’ours blanc est le plus grand représentant de la famille des Ursidae.

Son poids est proportionnel à ses dimensions. Les mâles sont très lourds – entre 300 et 800 kilogrammes – ; les femelles le sont un peu moins, même si elles restent énormes – entre 150 et 300 kilogrammes. Pendant la saison de reproduction, les femelles accumulent plus de graisse dans leur corps, ressemblant ainsi aux mâles.

Les ours blancs ont un pelage foncé, qui leur permet d’absorber l’énergie solaire et d’éviter les pertes de chaleur pendant l’hiver. Leur pelage est en réalité transparent : il paraît blanc en raison de la réflexion et de la diffusion de la lumière visible.

Outre leur corps robuste, les ours blancs ont des pattes bien développées avec lesquelles ils peuvent se déplacer dans la neige. De plus, leurs extrémités leur confèrent une excellente capacité dans l’eau.

Un des animaux qui vivent dans la neige.

Que mangent les ours blancs ?

Les ours blancs sont de grands prédateurs carnivores. Leur alimentation est riche en matières grasses. Leur plat principal est composé de différentes espèces de phoques. Leurs proies préférées sont les phoques annelés ou marbrés (Pusa hispida), mais ils peuvent également consommer des phoques barbus (Erignathus barbatus), des phoques du Groeland (Pagophilus groenlandicus) et des phoques à capuchon (Cystophora cristata).

Les ours blancs consomment également des morses (Odobenus rosmarus) et des bélugas (Delphinapterus leucas). Pendant les saisons de dégel, ils peuvent compléter leur alimentation avec quelques oiseaux et poissons, voire même des algues, bien qu’ils consomment beaucoup moins de matières végétales que le reste de leur famille.

Lors de la capture des phoques, les ours font un trou dans la glace. Ils peuvent ainsi remonter à la surface pour respirer. Ils ont donc besoin de la glace de l’Arctique pour se nourrir.

Certaines populations d’ours blancs restent dans des endroits où la couverture de glace est plus stable tout au long de l’année. Elles ont ainsi un accès constant à la nourriture.

D’autres populations vivent dans des zones où la glace fond en été, période pendant laquelle les ours se rendent sur terre et jeûnent. Ils survivent avec leurs réserves de graisse pendant que la couche de glace se reforme.

L’ours blanc fait-il partie des espèces menacées ?

Les ours blancs font bien partie des nombreux animaux en danger d’extinction. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) les classe dans la catégorie “Vulnérable (VU)”, ce qui n’est pas de bon augure pour la survie de ce grand prédateur.

Les estimations de l’abondance des ours blancs dans le monde sont difficiles et coûteuses. Malgré le fait qu’au cours des dernières décennies, de meilleures données ont été obtenues grâce aux enquêtes menées, les valeurs dans certaines régions continuent d’être déficientes et obsolètes.

Le Groupe de spécialistes des ours polaires (PBSG) de l’UICN ont analysé et résumé les publications, aboutissant à un chiffre approximatif de 26 000 ours blancs dans l’Arctique répartis dans un total de 19 sous-populations. Cependant, toutes n’ont pas été délimitées.

Pourquoi est-il en danger d’extinction ?

La principale menace pour les ours blanc est le changement climatique. Cela a généré une grande perte de glace de mer dans l’Arctique, ce qui met gravement en danger la vie de cette espèce. Année après année, la calotte glaciaire recule plus tôt et se forme plus tard, de sorte que ces grands prédateurs doivent passer de plus longues périodes sur terre sans manger, ce qui les affaiblit et menace leur santé.

La calotte glaciaire arctique est nécessaire à de nombreuses activités des ours polaires : chasse, repos, reproduction, voire établissement de tanières pour que les femelles donnent naissance à leurs petits. Sans cela, ces ours sont obligés de migrer vers des endroits inhabituels, où ils ne sont pas prêts à survivre.

Ces dernières années, l’étendue de la banquise a diminué de façon inquiétante, entre 3,5 et 4,1 % par décennie. Différentes études ont fait leurs prédictions. Certaines publications prédisent la disparition complète de la calotte glaciaire au cours de l’été 2050.

Cependant, le changement climatique n’est pas le seul problème auquel sont confrontés ces mammifères. En effet, d’autres menaces pèsent sur lui. Nous les détaillons dans les sections suivantes.

Braconnage et rencontres humaines

Dans certains pays, il est interdit de chasser les ours blancs, et dans d’autres, cela n’est autorisé que comme alternative de subsistance. Ces animaux sont appréciés pour leurs peaux, qui sont utilisées dans la fabrication de vêtements, et pour la consommation de leur viande. Le Canada approuve également la chasse sportive, mais elle doit être guidée par les locaux.

La capture légale annuelle d’ours polaires représente entre 3 et 4 % de la population totale. Le braconnage n’est pas la principale menace pour l’ours blanc. Cependant, dans certaines régions, il représente un problème. Tous les paramètres des zones sont en cours d’évaluation pour déterminer l’incidence actuelle du braconnage sur l’abondance de ces ursidés.

Grâce à la perte d’habitat des ours blancs, de plus en plus d’interactions entre eux et les humains se produisent. Il est courant que de telles rencontres se terminent par des décès, car les ours sont considérés avec peur et comme une grande menace.

Exploitation des ressources de l’Arctique

Les ressources de l’Arctique sont de plus en plus exploitées en raison d’un accès accru à celles-ci par la fonte des glaces. Dans cette zone, les industries pétrolières représentent un autre danger pour les ours blancs. Les raisons sont les suivantes :

  1. Destruction rapide de l’habitat ;
  2. Apparition de déversements d’hydrocarbures qui polluent l’écosystème, un danger pour les ours et les autres animaux de l’hémisphère nord.
  3. Plus d’interactions entre les ours et les humains.

La fonte de l’Arctique augmente également l’accès pour le développement d’autres activités anthropiques, telles que le tourisme ou le transport.

Pollution et maladies

Les problèmes de pollution qui existent sur la planète ne sont pas un secret et affectent tous les êtres vivants existants. Les ours blancs n’y échappent pas et sont de plus en plus exposés à des substances industrielles toxiques, ainsi qu’à différents produits chimiques. Ces produits affectent grandement leur santé en perturbant la régulation hormonale, le bon fonctionnement de leur système immunitaire et la reproduction.

Le taux de reproduction d’Ursus maritimus est l’un des plus faibles des mammifères. De plus, le taux de mortalité des petits au cours de la première année de vie est élevé. La survie dépend de l’état de la mère : si elle est malade, les oursons peuvent naître avec peu de poids, ce qui renforce le problème.

La raison en est que de nombreux agents contaminants peuvent être transmis par les aliments. Ces agents s’accumulent dans les tissus des proies de l’ours. Les composés perfluorés se démarquent, car ils ont la capacité de se lier aux graisses, comme celles de la peau des phoques dont se nourrissent les ours.

Par ailleurs, les ours polaires stressés en raison de la perte de leur habitat et du manque de nourriture deviennent plus vulnérables face à différents agents pathogènes, qui profitent d’un climat de plus en plus chaud dû au réchauffement climatique.

Les actions de conservation pour éviter que l’ours blanc ne soit en voie de disparition

La survie de l’ours polaire préoccupe beaucoup de personnes et d’organisations. Cependant, peu d’actions concrètes sont menées pour assurer sa survie.

En 1973, les cinq nations impliquées ont signé l’Accord international sur la conservation des ours blancs comme point de départ pour préserver cette espèce. L’idée était une gestion adéquate des populations d’Ursus maritimus basée sur les données scientifiques du moment.

En 2015, le Plan d’action circumpolaire pour les ours blancs a été établi, axé sur des actions visant à réduire les menaces. Il existe également des organisations qui tentent de lutter pour sauver ces grands prédateurs, notamment World Wildlife Fund (WWF).

Cependant, l’ampleur du problème dans l’Arctique mérite un travail conjoint impliquant les entités gouvernementales et chaque citoyen. Cette zone est la plus vulnérable et la moins protégée de toutes. La destruction de l’écosystème n’affecte pas seulement cet espace, mais génère également un impact mondial avec de grands changements météorologiques.

Toutes les 24 heures, 200 espèces d'êtres vivants disparaissent.

Tout changement d’habitude, comme réduire la pollution ou économiser l’électricité, aussi minime soit-il, contribue à lutter contre le réchauffement climatique. Un mode de vie plus durable est nécessaire. La réalité est que l’ours blanc est en danger : il n’a presque plus d’abri et nous n’avons pas beaucoup de temps pour l’aider. Il faut agir dès maintenant.


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