La plus grande abeille du monde redécouverte après 38 ans

L'abeille géante de Wallace a une envergure de 63 millimètres et mesure 39 millimètres de long. La plus petite abeille existante ne mesure que 1,8 millimètre de long.
La plus grande abeille du monde redécouverte après 38 ans
Cesar Paul Gonzalez Gonzalez

Rédigé et vérifié par le biologiste Cesar Paul Gonzalez Gonzalez.

Dernière mise à jour : 21 décembre, 2022

En 1858, Alfred Russel Wallace trouve une belle abeille jamais vue auparavant dans les forêts d’Indonésie. C’est la première et la dernière fois que ce spécimen est vu, car il disparaîtra pendant plus d’un siècle sans laisser de trace. Cette espèce a été nommée l’abeille géante de Wallace en hommage à ce célèbre naturaliste de l’époque.

Cet hyménoptère est considéré comme la plus grande abeille du monde, car sa taille dépasse de loin celle des autres spécimens. Il a disparu pendant plusieurs années, laissant ainsi penser qu’il était éteint. Cependant, grâce à une campagne visant à redécouvrir cette espèce et d’autres espèces « perdues », cette abeille a été revue vivante. Poursuivez donc votre lecture pour découvrir son histoire !

L’abeille géante de Wallace

Alfred Russel Wallace était un naturaliste qui, avec Charles Darwin, s’est distingué en posant les bases de la sélection naturelle. Comme ce dernier, Wallace a entrepris un voyage en 1854 dans l’archipel malais, où il a découvert plusieurs animaux incroyables. Il les a méticuleusement décrits et a commencé à publier ses découvertes. En 1862, il avait déjà plus de 50 articles sur eux.

Vers la fin de son voyage (1858), Wallace a mentionné en quelques mots la découverte d’une abeille noire velue et géante. Elle était aussi grosse qu’un doigt humain et avait des mâchoires semblables à celles d’un coléoptère. À cette époque, on ne savait pas à quel point cet événement serait important, car ce n’était qu’une espèce parmi les 1000 nouvelles espèces qu’il a décrites lui-même.

Un peu plus d’un an après la découverte, Wallace a envoyé le spécimen qu’il avait trouvé à l’entomologiste Frederick Smith pour une analyse plus approfondie. En 1960, un article a été publié spécifiant les caractéristiques de cette abeille, qui a reçu le nom scientifique de Megachile pluto. De plus, il a été déterminé qu’elle appartenait à la plus grande espèce de la famille des Apidae trouvée jusqu’alors.

À partir de ce moment de l’histoire, la plus grande abeille du monde n’a jamais été revue pendant plus de 100 ans. On pensait que cette espèce s’était éteinte en raison du fait que les forêts proches de sa zone de découverte commençaient à être abattues.

La plus grande abeille du monde : une espèce perdue retrouvée

En 1981, le biologiste américain Adam Catton Messer a redécouvert l’espèce. Cette fois elle est photographiée pour la première fois. Des spécimens ont été trouvés sur 3 îles indonésiennes : Bacan, Halmahera et Tidore.

De plus, les chercheurs ont également découvert que ces abeilles utilisent les colonies de certains termites pour former leurs nids, car leurs énormes mâchoires leur permettent de “racler” le creux des troncs en vue d’obtenir de la résine pour la construction.

Ce comportement étrange explique la ressemblance physique entre cette espèce et un coléoptère. Par ailleurs, la raison pour laquelle l’abeille n’avait pas été revue jusqu’alors a également été découverte : les chercheurs ignoraient qu’elle construisait ses nids à l’intérieur du bois.

Malgré toutes ces avancées dans la description de l’espèce, cette dernière disparaît de nouveau pendant 38 ans. Certaines organisations à but non lucratif lancent alors un mouvement pour retrouver cet espèce et d’autres espèces dites perdues.

Les espèces les plus recherchées

En 2017, l’organisation à but non lucratif Global Wildlife Conservation publie une liste des 25 espèces perdues les plus recherchées du moment. Parmi elles, se trouve la plus grande abeille du monde, qui a échappé aux scientifiques pendant plus d’un siècle. L’objectif est clair : localiser cet insecte et démontrer qu’il n’est pas éteint.

Cette campagne concentre ses efforts sur la redécouverte de 25 espèces célèbres, et elle commence à porter ses fruits lorsque les chercheurs localisent la salamandre de jackson. Grâce à cette découverte, les chercheurs s’attendent à retrouver tous les autres animaux de la liste.

La recherche formelle de cette abeille géante commence fin janvier 2019 avec une expédition sur l’île de Ternate, en Indonésie. Le groupe de chercheurs est composé de Glen Chilton, Simon Robson, Eli Wyman et Clay Bolt, qui espèrent retrouver l’espèce perdue. Cependant, au fil des jours, ils se rendent compte que cette tâche ne va pas être facile.

Alors que le voyage touche à sa fin, le groupe n’a trouvé aucun indice sur cet hyménoptère. Puis, au cours du dernier jour de la recherche, et presque au moment où ils sont sur le point de se rendre, ils tombent sur un petit nid de termites. Ils ne s’attendent pas vraiment à y trouver l’espèce en question, car ce n’est pas le premier nid qu’ils voient au cours de leur voyage.

Mais en s’approchant, les chercheurs se rendent compte que l’intérieur est très bien défini et arrondi. Ils remarquent également la présence d’une substance liquide collante au fond du nid. Et soudainement, une énorme abeille noire émerge de la bûche. Il y a de quoi se réjouir ! Ils ont retrouvé cette énigmatique espèce perdue !

Ce moment ne restera pas seulement dans la mémoire des membres du groupe : des photographies ont été prise et des vidéos ont été faites. Après 38 ans, la plus grande abeille du monde est finalement redécouverte… Une nouvelle fois !

Il n’y a pas que des bonnes nouvelles

Alors que cette nouvelle devrait être une source de joie pour les naturalistes, elle suscite chez eux peur et inquiétude. En effet, les insectes font partie des groupes les plus menacés par la perte d’habitat et par la pollution, c’est pourquoi on pense que cette abeille est en danger imminent.

Deux spécimens de cette espèce ont été vendus en ligne en 2018. Le prix était de 9 100 $ pour le premier, et de 4 150 $ pour le second.

Bien qu’il s’agisse d’une espèce au bord de l’extinction, ce type de vente est légal. La raison en est que l’espèce ne bénéficie d’aucune protection actuelle pour empêcher son commerce.

Vous l’aurez compris… La redécouverte de cette espèce n’est qu’une première étape, car il faut maintenant penser à sa conservation. Toutefois, cet exploit est porteur d’espoir pour les naturalistes et est un signe de plus qu’il nous reste encore du temps pour empêcher l’extinction de plusieurs espèces.


Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique


  • Frederick Smith (1860). Catalogue of Hymenopterous Insects collected by Mr. A. R. Wallace in the Islands of Bachian, Kaisaa, Amboyna, Gilolo, and at Dory in New Guinea.. , 5(Supplement s1), 93–143.
  • Vereecken, N. J. (2018). Wallace’s Giant Bee for sale: implications for trade regulation and conservation. Journal of Insect Conservation, 22(5), 807-811.
  • Messer, A. C. (1984). Chalicodoma pluto: the world’s largest bee rediscovered living communally in termite nests (Hymenoptera: Megachilidae). Journal of the Kansas Entomological Society, 165-168.
  • Gallardo, M. H. (2013). Alfred Russel Wallace (1823-1913): obra y figura. Revista chilena de historia natural, 86(3), 241-250.
  • Bolt, C. (2019) Rediscovering Wallace’s Giant Bee. Recuperado el 12 de diciembre de 2021, disponible en: https://www.rewild.org/news/rediscovering-wallaces-giant-bee-in-search-of-raja-ofu-the-king-of-bees

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.