10 curiosités sur les crapauds

Malgré leur mauvaise réputation dans certaines régions, les crapauds ne représentent aucun danger pour l'homme. Apprendre à mieux les connaître est alors essentiel pour mettre fin à cette réputation.
10 curiosités sur les crapauds
Samuel Sanchez

Rédigé et vérifié par le biologiste Samuel Sanchez.

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Les crapauds présentent de nombreuses caractéristiques intéressantes, mais malheureusement beaucoup de gens ne veulent rien savoir sur eux. Et ce, car ils ont la réputation d’être venimeux, de provoquer l’apparition de rides par le toucher ou encore de porter malheur à ceux qui croisent leur chemin. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité : tous les amphibiens sont inoffensifs et font un excellent travail en contrôlant les parasites dans les écosystèmes.

Pour démanteler les mythes et mettre fin à leur mauvaise réputation, nous vous proposons de découvrir ici 10 curiosités sur les crapauds. Vous verrez que leur cycle de vie et leur   écologie sont pour le moins fascinants.

1. Crapaud ou grenouille, c’est la même chose

Avant de vous présenter les curiosités les plus impressionnantes des crapauds, nous estimons qu’il est nécessaire de situer cette espèce au niveau taxonomique. Les crapauds sont des amphibiens de l’ordre Anura et diffèrent du reste de leurs parents par l’absence de queue. Il existe plus de 7 300 espèces d’anoures, ce qui représente 88 % de la biodiversité actuelle de la classe des amphibiens.

À ce stade, il convient de noter que les crapauds et les grenouilles sont des anoures, de sorte que la distinction des noms communs n’a aucune base taxonomique. On dit que les crapauds sont plus terrestres et robustes que les grenouilles, mais il existe de multiples exceptions à cette affirmation. La catégorisation entre les animaux nécessite une analyse génétique, ne pouvant pas être guidée par l’apparence extérieure.

Les grenouilles et les crapauds sont des anoures. La différence entre ces termes n’a pas d’intérêt taxonomique.

2. Une vraie famille d’amphibiens

Bien que les termes grenouille et crapaud soient utilisés à tort pour catégoriser les différents anoures, on peut dire que presque tous les anoures appelés « crapauds » appartiennent à la famille des Bufonidae. Ce taxon regroupe plus de 570 espèces réparties en 52 genres, et toutes ensemble représentent les vrais crapauds.

Au sein de cette famille, le genre Atelopus est le plus étendu de tous, avec un total de 96 espèces décrites. Curieusement, les spécimens de ce groupe n’ont rien à voir avec un crapaud typique, car ils ont des membres très minces, leur corps est lisse et ils n’ont pas la rugosité caractéristique répartie dans tout leur corps. On les appelle même à tort « grenouilles arlequins ».

Un crapaud.
Croyez-le ou non, cet anoure est un vrai crapaud !

3. Le crapaud typique a son propre genre

Dernière curiosité des crapauds en ce qui concerne leur taxonomie, il faut noter que Bufo est le genre le plus connu au sein de la famille des Bufonidae. Ce groupe comprend les crapauds bruns, rugueux, potelés et aux yeux oranges que nous avons tous rencontrés à un moment donné. Ce sont des amphibiens éminemment terrestres, même s’ils ont besoin d’humidité pour respirer.

Bufo bufo est le crapaud commun le plus connu au monde.

4. Les crapauds respirent par la peau

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi le terme « amphibien » est toujours associé à la présence d’eau ? Ces animaux ont constamment besoin d’une humidité très élevée car, aussi incroyable que cela puisse paraître, leur peau doit être humide pour qu’ils puissent respirer à travers elle. Leurs poumons sont très rudimentaires, ils obtiennent donc 25 à 85 % de l’O2 dont ils ont besoin par diffusion cutanée passive.

De plus, il faut aussi noter que les amphibiens peuvent moduler la quantité de sang qu’ils transportent à la surface de leur peau. Bien que relatif, cela leur permet de réguler leur obtention d’oxygène cutané en fonction de leurs besoins et contraintes environnementales.

5. Les crapauds produisent des toxines, mais ils ne sont pas dangereux

Tous les membres du genre Bufo ont des structures très intéressantes sur le dos et derrière les yeux. Ces « verrues » en forme de rein sont en fait des glandes parotoïdes, responsables de la production de composés toxiques. Lorsqu’un animal essaie de manger ces amphibiens, ils libèrent leur liquide glandulaire et irritent la cavité buccale du prédateur.

Les composés toxiques éjectés sont des bufotoxines, une famille très diversifiée de lactones stéroïdes toxiques qui provoquent différents effets systémiques et locaux après ingestion. Bien qu’ils ne soient pas mortels pour l’homme, ils peuvent provoquer des symptômes très graves chez les chiens, les chats et autres mammifères.

Un crapaud ne sécrétera jamais ses toxines si vous ne le dérangez pas activement.

L'un des crapauds les plus venimeux.

6. Des crapauds hallucinogènes ?

Dans certaines cultures, les bufotoxines qu’ils produisent ont historiquement été utilisées comme psychédéliques. C’est le cas des bufotoxines de Incilius alvarius, un amphibien ayant la capacité de générer suffisamment de venin pour tuer un chien adulte.

Les composés 5-MeO-DMT et la bufoténine présents dans le liquide sécrété sont de puissants agents psychoactifs qui provoquent des effets très forts chez l’homme pendant un intervalle d’environ 15 secondes. Les formes traitées de ces toxines ont été utilisées comme médicaments et aphrodisiaques, causant au moins un décès humain par empoisonnement.

7. Tous les crapauds sont des chasseurs

Malgré leur corps dodu et leur maladresse générale, les crapauds sont des carnivores stricts qui se nourrissent généralement exclusivement de proies vivantes. Leur stratégie de chasse est du type sit and wait : ils attendent que leur victime passe devant eux pour se jeter sur elle, en utilisant leur langue collante comme un piège.

Les crapauds se nourrissent également de papillons de nuit, de coléoptères, de fourmis, de sauterelles, de vers, d’escargots et de tout autre invertébré qui puisse entrer dans la bouche. L’espèce Rhinella marina fait exception à cette règle, car grâce à sa taille inhabituelle (54 centimètres), elle peut également s’attaquer aux chauves-souris, aux oiseaux, aux reptiles et même aux mammifères.

Contrairement à la plupart des crapauds, l’espèce Rhinella marina se nourrit également de charognes et de nourriture pour chiens.

8. Les crapauds ont besoin d’eau pour se reproduire

La plupart des espèces de crapauds effectuent un exode de la zone de survie vers la zone de reproduction au printemps. Le lieu de parade nuptiale et de libération des œufs doit être un lac ou un plan d’eau (permanent ou éphémère). Il est à noter que ce sont des animaux philopatriques : cela signifie qu’ils retournent toujours au même endroit pour se reproduire.

La fécondation des crapauds est externe : le mâle embrasse la femelle dans une position appelée amplexus et favorise ainsi la libération d’un chapelet d’œufs dans l’eau. Le mâle la féconde et s’en va rapidement, car son intention est de féconder le plus d’œufs possible.

Une femelle de l’espèce Bufo bufo peut pondre entre 3 000 et 6 000 œufs à la fois. Bien que ce chiffre semble exorbitant, il faut garder à l’esprit que la grande majorité des larves mourront, soit dans leur phase têtard, soit avant l’éclosion ou juste au moment où elles se métamorphosent hors de l’eau. Ces animaux pondent de nombreux œufs, mais très peu atteignent l’âge adulte.

9. Une méthode de reproduction explosive

Bien que chaque espèce soit différente, une autre caractéristique générale des crapauds est que leur reproduction est généralement explosive. Des centaines de mâles affluent vers le même plan d’eau pour attirer les femelles, les interceptant dès qu’ils le peuvent pour les attraper en amplexus. Il est normal que les mâles se bousculent ou s’enlacent dans un acte de frénésie reproductive.

Aussi choquant que cela puisse paraître, il est parfois possible d’observer des mating balls ou boules de crapauds composées de 4, 5, 6 mâles, voire plus, en train d’embrasser la même femelle. La pression est telle que parfois la femelle se noie et finit par mourir sous le poids de ses prétendants avant ou après avoir pondu les œufs dans l’eau.

La reproduction explosive minimise le taux de prédation par les chasseurs, mais augmente considérablement la compétition entre les mâles de la même espèce.

Les curiosités des crapauds au niveau reproducteur sont multiples.
Sous tous ces mâles, se cache sûrement une femelle.

10. Les crapauds ont besoin de notre aide

En guise de conclusion, nous tenons à souligner que ne sont pas des animaux dangereux. Bien qu’ils produisent des bufotoxines qui génèrent des symptômes très inconfortables, vous ne remarquerez pas leurs effets à moins de mettre un crapaud dans votre bouche ou de vous frotter les yeux après avoir manipulé un crapaud. Ces amphibiens sont les plus pacifiques qui soient et ne cherchent jamais la confrontation directe.

Par ailleurs, les crapauds et 41 % des amphibiens en général sont en danger d’extinction, car le changement climatique, la pollution de l’eau, l’introduction d’espèces exotiques et certaines maladies infectieuses les tuent à un rythme alarmant. Ces petits vertébrés tout mignons nécessitent des efforts de conservation avant qu’il ne soit trop tard.


Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique


  • Pettit, G. R., Kamano, Y., Drasar, P., Inoue, M., & Knight, J. C. (1987). Steroids and related natural products. 104. Bufadienolides. 36. Synthesis of bufalitoxin and bufotoxin. The Journal of Organic Chemistry, 52(16), 3573-3578.
  • Pettit, G. R., & Kamano, Y. (1972). The structure of the steroid toad venom constituent bufotoxin. Journal of the Chemical Society, Chemical Communications, (2), 45a-45a.
  • Ashok, G., Sakunthala, S. R., & Rajasekaran, D. (2011). An interesting case of cardiotoxicity due to bufotoxin (toad toxin). The Journal of the Association of Physicians of India, 59, 737-738.
  • Lajmanovich, R. C. (1994). Hábitos alimentarios de Bufo paracnemis (Amphibia, Bufonidae) en el Paraná medio, Argentina. Revista de Hydrobiologia Tropical, 27(2), 107-112.
  • Coloma, L. A., Lötters, S., & Salas, A. W. (2000). Taxonomy of the Atelopus ignescens complex (Anura: Bufonidae): designation of a neotype of Atelopus ignescens and recognition of Atelopus exiguus. Herpetologica, 303-324.

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.