Colonie de fourmis : les principes de base pour en prendre soin

Les fourmis sont des insectes fascinants pouvant être élevés à la maison. Mais il faut avoir en tête certaines notions avant de monter une fourmilière.
Colonie de fourmis : les principes de base pour en prendre soin
Samuel Sanchez

Rédigé et vérifié par le biologiste Samuel Sanchez.

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Vous souhaitez prendre soin d’une colonie de fourmis ? Les fourmis sont un groupe d’insectes hyménoptères appartenant à la famille des Formicidae.

C’est un taxon extrêmement diversifié qui a colonisé presque tous les environnements dans le monde. On compte plus de 22 000 espèces aujourd’hui, parmi lesquelles seulement 13 800 environ ont été décrites. On estime que ces animaux représentent entre 15 et 25 % de la biomasse animale terrestre.

5 conseils pour élever une colonie de fourmis

Il existe de très nombreuses espèces au sein de ce groupe passionnant, et chacune a ses propres besoins. Mais il existe un certain nombre de conseils universels que chaque futur éleveur devrait prendre en compte s’il souhaite prendre soin d’une colonie de fourmis à long terme. Découvrez dans les lignes suivantes les bases de ce passe-temps passionnant.

1. Soyez clair sur les bases d’une colonie de fourmis

Vous trouverez sûrement une reine sans ailes à l’intérieur d’un tube en verre ou en plastique. La plupart des colonies de fourmis sont établies en captivité à partir d’une seule femelle fécondée, un processus connu sous le nom de fondation. Avant d’envisager d’élever une fourmilière sur le long terme, il faut être clair sur les castes qui la composent :

  • La reine. C’est le cœur de la fourmilière et, dans la plupart des cas, c’est le seul spécimen capable de pondre des œufs fécondés. La reine naît avec des ailes et quitte sa colonie d’origine à la recherche de mâles. Une fois fécondée, elle stocke le sperme de plusieurs d’entre eux dans sa spermathèque, ôte ses ailes et s’enterre. Certaines reines vivent jusqu’à 30 ans.
  • Les ouvrières. Elles naissent d’œufs fécondés pondus par la reine, mais elles n’ont pas la capacité de se reproduire et n’ont pas d’ailes lorsqu’elles éclosent. Elles sont chargées d’agrandir la fourmilière, de prendre soin des larves, de préserver la reine et de chercher de la nourriture. Elles vivent beaucoup moins que leur mère, généralement moins d’un an, et se comptent par milliers dans la colonie.
  • Les mâles. Ils éclosent à partir d’œufs non fécondés que la femelle pond lorsque la colonie est suffisamment grande. Ils sont toujours ailés et leur seule mission est de se reproduire, après quoi ils meurent en quelques jours.
  • Les princesses. Ce sont des reines potentielles qui naissent avec des ailes lorsque la colonie est arrivée à maturité. Elles prennent leur envol lorsque les conditions sont favorables et elles cherchent à être fécondées pour fonder une nouvelle fourmilière.

Au cours des premiers stades de la colonie, la reine pondra des œufs qui donneront naissance uniquement à des ouvrières, appelées nourrices. Comme elles naissent dans des conditions assez dures et que les réserves énergétiques de leur mère sont limitées, elles vivent moins longtemps que les travailleuses normales.

Un groupe de fourmis.

2. Identifiez les espèces que vous avez acquises

Avant de monter la colonie de fourmis, vous devez être clair sur les exigences de l’espèce choisie. Certaines reines sont cloîtrées et utilisent leurs réserves d’énergie pour pondre leurs premiers œufs jusqu’à l’éclosion des nourrices, tandis que d’autres sont semi-cloîtrées et doivent sortir dans une zone d’alimentation pour chasser et consommer des protéines.

Les caractéristiques de l’espèce dicteront leurs conditions de vie. Les fourmis européennes supportent généralement de larges plages thermiques (15-30 °C), tandis que les fourmis tropicales n’apprécient pas les températures en dessous de 23-24 ° C. L’humidité relative est également un paramètre à prendre en compte.

Certaines espèces de climat aride ont besoin de 50 à 60 % d’humidité, tandis que certaines fourmis asiatiques ont besoin de 90 %, voire plus.

3. Le tube sera votre meilleur allié

La grande majorité des reines sont achetées dans un tube avec un « abreuvoir » intégré au bout. C’est un moyen plus que suffisant pour la fondation chez les espèces cloîtrées, car il donne à la reine suffisamment d’humidité pour pouvoir s’hydrater et pondre ses œufs. Vous n’aurez même pas besoin de le nourrir.

Lorsque les premières nourrices naissent, dans la plupart des cas, vous devez commencer à donner à la colonie de la nourriture sous forme de nectar sucré et d’insectes morts. Ne soyez pas pressé et ne sortez pas les fourmis du tube avant d’avoir vu environ 20-25 ouvrières. Les mettre trop tôt dans une fourmilière spacieuse peut les stresser au point de mourir.

Cette règle ne s’applique pas aux espèces semi-cloîtrées. Certaines reines sont des chasseuses et ont besoin d’une zone d’alimentation pour chasser par elles-mêmes.

4. Nourrissez correctement votre colonie de fourmis

Les premières ouvrières seront chargées de nourrir la reine pendant que cette dernière pond le prochain lot d’œufs. Pour ce faire, elles transmettent directement des fluides de bouche à bouche. Ce processus s’appelle la trophallaxie .

À ce stade, vous devez savoir ce que mange exactement l’espèce dont vous vous occupez. La plupart des spécimens inclus dans la sous-famille des Formicinae se nourrissent de protéines mortes – restes de viande et insectes mourants – et de nectar.

La sousfamille des Ponerinae est, elle, beaucoup plus agressive. Les spécimens chassent activement des invertébrés vivants.

L’espèce Messor barbarus, l’une des plus typiques, se nourrit principalement de graines. Cependant, les genres phares comme Camponotus ne nécessitent que des protéines mortes et du nectar sucré.

5. Choisissez la bonne fourmilière

Une fois la colonie suffisamment développée, vous devrez retourner le tube ou le connecter à une fourmilière pour que les fourmis puissent se déplacer. Il est très important de choisir une installation adaptée à l’espèce, car il est très fréquent que la colonie se casse la figure en raison d’une mauvaise installation après l’étape de fondation à l’intérieur du tube.

Il est très important de ne pas utiliser de fourmilières de type sandwich avec des gels ou d’autres matériaux étranges. Procurez-vous une fourmilière fabriquée avec des acryliques spécifiques pour les fourmis, de préférence anti-fuites.

Certains modèles sont spécifiques aux espèces qui nécessitent une humidité élevée. Ils disposent de châteaux d’eau ou d’éponges avec des réservoirs pour hydrater l’environnement.

Par ailleurs, les fourmilières de type ytong seront très utiles pour les espèces tropicales qui nécessitent une humidité exceptionnellement élevée. Gardez à l’esprit que vous devez injecter de l’eau de temps à autre dans ces installations pour maintenir ce paramètre à 90 %.

Colonie de fourmis : ne baissez pas la garde !

Une fois que la fourmilière compte environ 40-50 spécimens, la colonie commencera à croître de façon exponentielle. Il est peu probable que la reine meure à ce stade, mais vous ne devriez jamais baisser votre garde. Suivez les conseils suivants pour prendre soin de votre colonie de fourmis de manière efficace :

  • Retirez périodiquement les restes qui ne sont pas ingérés. Ne pas retirer les restes favorisera les infections et les maladies à long terme dans la colonie.
  • Permettez aux fourmis d’entrer en diapause (si l’espèce l’exige). Certaines espèces de fourmis entrent en diapause pendant l’hiver pour bien se développer, un processus qui ressemble à l’hibernation des mammifères. Ne sautez pas cette étape si vos fourmis ont en besoin.
  • Attention aux acariens. Les acariens sont l’une des plus grandes menaces de la myrmécologie. Si vous détectez leur présence, baissez drastiquement le taux d’humidité (moins de 60 %) et isolez la colonie jusqu’à ce qu’elle soit désinfectée.
Comment se débarrasser des acariens dans la fourmilière ?

Au-delà de tout ce qui précède, il faut garder à l’esprit que les exigences varient d’une espèce à une autre et que certaines sont très spécifiques. Le secret pour prendre soin d’une colonie de fourmis sur le long terme est de s’informer en détail sur les exigences de l’espèce acquise.


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