Le pigeon de Liverpool : habitat et comportement

Le pigeon de Liverpool est un oiseau mystérieux, désormais éteint, connu sous le nom de nicobar ponctué. De récentes études ont établi qu'il s'agissait d'un proche parent du dodo.
Le pigeon de Liverpool : habitat et comportement
Luz Eduviges Thomas-Romero

Rédigé et vérifié par la biochimiste Luz Eduviges Thomas-Romero.

Dernière mise à jour : 27 décembre, 2022

Le pigeon de Liverpool ou nicobar ponctué est l’un des oiseaux les plus mystérieux parmi ceux qui se sont éteints lors de ces 500 dernières années. Cet oiseau a été mentionné pour la première fois dans le livre A general synopsis of birds (1783) par le naturaliste John Latham.

Le seul spécimen existant préservé mort appartenait au catalogue du “Liverpool World Museum” (WML). C’est de là que lui vient son nom de pigeon de Liverpool.

Nom scientifique du pigeon de Liverpool

Le pigeon de Liverpool a reçu son nom scientifique de Johann Friedrich Gmelin en 1789 : Caloenas maculata. Le naturaliste a classé l’animal comme un membre de la sous-famille Columbinae, de la famille Columbidae, appartenant à l’ordre des Columbiformes. Cet ordre inclut les pigeons, les tourterelles et autres espèces voisines.

Le genre Caloenas est l’un des 35 genres de la sous-famille Columbinae et est représenté par trois espèces :

  • Caloenas maculata : le pigeon de Liverpool, éteint et d’origine inconnue.
  • C. Canacorum le pigeon Kanaka, éteint, qui vivait en Nouvelle-Calédonie et aux Tonga.
  • C. Nicobarica le pigeon de Nicobar, la seule espèce vivante actuellement. Cette espèce est répartie autour de l’Indonésie (des îles Andaman aux îles Salomon) et a tendance à vivre dans les petites îles éloignées.

Quelle est la relation entre le pigeon de Liverpool et le dodo ?

La sous-famille Raphinae, qui possède deux espèces d’oiseaux éteints très célèbres, appartient à la même famille Columbidae :

  • Du genre Pezophaps : le dronte de Rodriguez (Pezophaps solitaria) est une espèce éteinte endémique de l’île Rodriguez. Il s’agit d’une petite île perdue de l’océan Indien, qui appartient à l’archipel des Mascareignes. Cet oiseau ne volait pas et s’est éteint vers les années 1760.
  • Du genre Raphus : l’emblématique – mais éteint – dodo de Maurice (Raphus cucullatus). Cet oiseau était un oiseau endémique de l’île Maurice, qui ne volait pas et était adapté à la vie terrestre. Cette île se situe dans l’océan Indien, à 900 kilomètres de l’île de Madagascar.
Le pigeon de nicobar.

Le pigeon de Nicobar est le seul représentant actuel du genre Caloenas.

Caractéristiques du pigeon de Liverpool

Comme nous le mentionnions plus tôt, on ne connaît qu’un seul spécimen à partir duquel ont été décrites les caractéristiques générales de l’espèce.

  • La taille de l’animal était d’environ 32 centimètres de long, avec une envergure de 35 centimètres.
  • Au niveau du plumage, le cou se caractérisait par de longues plumes. L’oiseau avait une couleur marron foncé avec de beaux reflets vert bouteille et avait les plumes des ailes et du dos tachées de paillettes couleur crème.
  • En outre, il avait un pic noir avec le bout jaune, et l’extrémité de sa queue présentait une bande pâle. Ses pattes étaient relativement petites.
  • À la différence du pigeon de Nicobar, qui est principalement terrestre, les caractéristiques physiques du pigeon de Liverpool suggèrent qu’il vivait principalement dans les arbres.

Le plumage du pigeon de Liverpool concorde avec un style de vie insulaire semi-terrestre et une faible capacité de vol. En fait, ses petites ailes arrondies suggèrent qu’il a évolué sur une petite île dépourvue de prédateurs.

Causes d’extinction probables

Le pigeon de Liverpool a pu se retrouver au bord de l’extinction quand les Européens ont débarqué sur sa terre natale. Sa disparition est attribuée à la chasse excessive et à la prédation d’animaux introduits autour des années 1820.

Informations géographiques

On ignore malheureusement l’origine du spécimen préservé qui est conservé à Liverpool. Cependant, il semble probable qu’il s’agisse d’une espèce du Pacifique, étant donné qu’il s’agissait de l’aire d’activité principale des collectionneurs.

Le spécimen appartenait à la collection de Thomas Davies (1737-1812), un officier de l’armée et peintre topographique qui s’intéressait aux oiseaux. Il ne s’est jamais rendu dans le Pacifique mais a été en contact avec des collectionneurs australiens : c’est de là qu’il a pu obtenir ce spécimen.

On pense donc que l’espèce venait d’une île du Pacifique Sud, probablement de Tahiti (Polynésie française). BirdLife International a ajouté le pigeon de Liverpool à la liste des espèces d’oiseaux éteintes en 2008.

Un dessin du pigeon de Liverpool.

– Source : Wikipedia

Débat autour du pigeon de Liverpool

Historiquement, il existe un débat autour du pigeon de Liverpool. Certains spéculent sur l’île exacte où il aurait vécu, d’autres suggèrent qu’il ne s’agit pas d’une espèce en soi mais d’un jeune pigeon de l’espèce Nicobar (Caloenas nicobarica).

Pour résoudre le mystère de ce pigeon, en 2014, des chercheurs de l’Université Griffith ont relevé des échantillons de l’ADN du spécimen de Liverpool.

L’analyse d’ADN a démontré qu’il s’agissait d’un taxon distinct. Par ailleurs, l’étude a révélé que cet animal était étroitement lié au pigeon de Nicobar. Finalement, l’analyse d’ADN le place dans la famille Columbidae, qui englobe, entre autres, le dodo (Raphus cucullatus).

Les analyses d’ADN améliorent notre capacité à identifier de nouvelles espèces à partir de restes historiques. Ce type d’études nous aide à mieux comprendre l’extinction de populations locales et d’espèces entières.

 

 


Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique


  • Raust, P. (2020). On the possible vernacular name and origin of the extinct Spotted Green Pigeon Caloenas maculata. Bulletin of the British Ornithologists’ Club, 140(1), 3-6.
  • Heupink, T. H., van Grouw, H., & Lambert, D. M. (2014). The mysterious Spotted Green Pigeon and its relation to the Dodo and its kindred. BMC evolutionary biology, 14(1), 136.
  • BirdLife International. (2016). Caloenas maculata. The IUCN Red List of Threatened Species 2016: e.T22734732A95095848. https://dx.doi.org/10.2305/IUCN.UK.2016-3.RLTS.T22734732A95095848.en Downloaded on 12 May 2020.

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.