Les secrets de la langue du caméléon

Les petits caméléons sont capables de projeter leur langue à une plus grande distance par rapport aux spécimens plus gros. Apprenez-en plus ici sur l'appareil buccal de ces reptiles.
Les secrets de la langue du caméléon
Cesar Paul Gonzalez Gonzalez

Rédigé et vérifié par le biologiste Cesar Paul Gonzalez Gonzalez.

Dernière mise à jour : 21 décembre, 2022

Les caméléons font partie des reptiles les plus célèbres du monde animal. Ils sont connus pour leur capacité incroyable à changer de couleur qui leur permet de se cacher des prédateurs. Cependant, ce n’est pas leur seule caractéristique merveilleuse. En effet, ces reptiles ont également une langue incroyable qui fait deux fois la longueur de leur corps.

Ces beaux reptiles utilisent leur énorme langue pour attraper leur proie. Cette structure comporte des substances collantes qui facilitent la capture.

De plus, ils effectuent ce mouvement en moins d’une seconde, ce qui leur permet d’être rapides et précis lors de la chasse. Poursuivez donc votre lecture pour découvrir les secrets de la langue du caméléon.

Les principales caractéristiques des caméléons

Les caméléons constituent un groupe diversifié de reptiles appartenant à la famille des Chamaeleonidae. Selon Reptile Database, il existe actuellement plus de 200 espèces réparties dans les régions tempérées du monde. Ces animaux sont capables de vivre dans différents types d’habitats, d’où l’existence d’une grande variété de couleurs et de formes.

Ces reptiles sont de taille moyenne : ils mesurent entre quelques centimètres et un peu plus d’un demi-mètre. Leur capacité à changer de couleur dépend de chaque espèce, mais la fonctionnalité est toujours similaire : il s’agit de se fondre dans l’environnement, de thermoréguler et d’envoyer des signaux visuels aux autres spécimens.

Les caméléons ne sont généralement pas très actifs : ils préfèrent se cacher et rester immobiles pendant une longue période. Ils profitent de leur inactivité pour chasser : ils restent au même endroit et capturent les arthropodes sans méfiance qui croisent leur chemin.

Cependant, cela ne serait pas possible sans leur longue langue. En effet, grâce à elle, ils disposent d’un grand avantage.

Un caméléon mange une punaise de lit.

Les secrets de la langue du caméléon

Le mécanisme de la langue du caméléon est similaire à celui d’un ressort : cette structure jaillit presque comme une balle. On estime qu’un spécimen met entre 10 et 55 microsecondes pour projeter sa langue.

Pour atteindre cette vitesse, le mécanisme de cette structure repose entièrement sur les muscles. Le mécanisme s’appuie sur les forces élastiques fournies par les fibres de collagène, avec lesquelles se forme une sorte de “catapulte” linguale capable de tirer à grande vitesse.

La longueur de la langue est également très importante pour mener à bien ce processus : lorsqu’elle est repliée, une force de tension est générée dans le muscle. Elle se replie comme on replie une longue-vue : des plis se forment pour que la taille soit réduite au minimum.

En résumé : la langue se contracte comme un ressort qui, une fois relâché, libère l’énergie de tension et jaillit comme une balle. Grâce à ce mécanisme, le caméléon est capable de chasser facilement, car la vitesse à laquelle la structure linguale est éjectée est incroyable.

Les principales structures du mécanisme de la langue

Le mécanisme est plus compliqué au niveau biologique, puisque le “ressort” est construit de chair et de sang. À partir de 3 structures de base suivantes, la nature a réussi à créer quelque chose de fascinant :

  • Processus entoglosse : il s’agit d’un os qui sert de base à la langue du caméléon et aide à diriger le tir. Formellement, il est connu comme une projection de l’os hyoïde unique chez ces reptiles.
  • Muscle accélérateur : il est chargé de rétracter toute la langue et de la serrer pour générer une tension, comme lors du compactage d’un ressort. Au moment où vous arrêtez d’exercer cette pression, le mécanisme libère l’énergie et se déclenche.
  • Muscle rétracteur : une fois le mécanisme déclenché, ce muscle se charge de ramener la langue vers la bouche. Contrairement à l’accélérateur, il fonctionne comme n’importe quel autre muscle et ne génère pas de tension.

Ce fabuleux mécanisme parvient à atteindre une vitesse de 33 mètres par seconde, des caméras ultra-rapides sont nécessaires pour le capturer en images. En quelques fractions de seconde, les caméléons attrapent leur proie sans que ces dernières s’en rendent compte.

De plus, le bout de leur langue contient des substances collantes qui garantissent la capture. Autrement dit, chaque tentative a une forte probabilité de réussite.

Et s’il fait froid ?

Comme vous le savez maintenant, la langue du caméléon fait bon usage de la capacité musculaire. Il est donc logique de penser que, par temps froid, ce mécanisme rencontre des difficultés, puisque les fibres musculaires ne sont pas efficaces à basse température.

Or, ce n’est pas le cas ! Le tir de ce reptile n’est pas basé sur le mouvement, mais sur la tension due à l’élasticité.

Le mécanisme de la langue du caméléon est unique, car il s’appuie sur les propriétés élastiques de la musculature. Ce reptile possède une arme rapide et silencieuse pour chasser, ce qui en fait un grand prédateur.

La sélection naturelle confère à certains animaux des caractéristiques impressionnantes. Les caméléons ont été gâtés, car ils présentent plus d’un trait incroyable.


Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique


  • Anderson, C. V., & Deban, S. M. (2012). Thermal effects on motor control and in vitro muscle dynamics of the ballistic tongue apparatus in chameleons. Journal of Experimental Biology, 215(24), 4345-4357.
  • Moulton, D. E., Lessinnes, T., O’Keeffe, S., Dorfmann, L., & Goriely, A. (2016). The elastic secrets of the chameleon tongue. Proceedings of the Royal Society A: Mathematical, Physical and Engineering Sciences, 472(2188), 20160030.
  • de Groot, J. H., & van Leeuwen, J. L. (2004). Evidence for an elastic projection mechanism in the chameleon tongue. Proceedings of the Royal Society of London. Series B: Biological Sciences, 271(1540), 761-770.
  • Herrel, A., Meyers, J. J., Aerts, P., & Nishikawa, K. C. (2001). Functional implications of supercontracting muscle in the chameleon tongue retractors. Journal of Experimental Biology, 204(21), 3621-3627.
  • Müller, U. K., & Kranenbarg, S. (2004). Power at the tip of the tongue. Science, 304(5668), 217-219.
  • Anderson, C. V. (2016). Off like a shot: scaling of ballistic tongue projection reveals extremely high performance in small chameleons. Scientific reports, 6(1), 1-9.
  • Anderson, C. V., Sheridan, T., & Deban, S. M. (2012). Scaling of the ballistic tongue apparatus in chameleons. Journal of morphology, 273(11), 1214-1226.

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.