Queue du lézard : comment se régénère-t-elle ?

Les lézards ne sont pas les seuls animaux à avoir recours à la stratégie d'autonomie caudale, mais ils font partie des rares animaux à être capables de régénérer leur queue.
Queue du lézard : comment se régénère-t-elle ?
Cesar Paul Gonzalez Gonzalez

Rédigé et vérifié par le biologiste Cesar Paul Gonzalez Gonzalez.

Dernière mise à jour : 21 décembre, 2022

Certains lézards ont recours à une stratégie appelée autotomie caudale, qui consiste à détacher leur queue en vue d’échapper aux prédateurs. Cela leur permet de laisser une friandise juteuse à leurs ennemis pendant qu’ils s’échappent en toute sécurité. Ce mécanisme de défense étant si important et efficace, les reptiles régénèrent également leur queue pour l’utiliser comme leurre à d’autres occasions.

Cette curieuse capacité est très distinctive chez diverses espèces de lézards, de geckos et de salamandres. Elle a attiré l’attention de plusieurs spécialistes, en raison de la capacité de régénération que ce processus implique. Poursuivez donc votre lecture pour découvrir comment les lézards régénèrent leur queue après une autotomie caudale.

La chute de la queue du lézard

L’autotomie est un processus curieux qui consiste à séparer les muscles, les vaisseaux sanguins et les os vertébraux pour détacher la queue et l’utiliser comme appât. Les lézards n’ont pas besoin de détacher la structure par eux-mêmes, leur corps est déjà préparé pour l’utilisation de cette stratégie.

Le processus est facilité par l’existence de “plans de fracture”, qui séparent transversalement différentes sections de la queue. Avec cela, seule une légère force est nécessaire pour que la structure soit amputée sans causer de dommages importants à l’animal. Selon un article publié sur Journal of Experimental Biology, le flux sanguin vers la queue est également stoppé, ce qui empêche une exsanguination mortelle.

Lézard Gallotia galloti.

Est-ce vraiment une bonne chose pour un lézard de perdre sa queue ?

Il peut sembler peu probable que le simple fait d’amputer la queue puisse augmenter le taux de survie d’une espèce. Cependant, cela est tout à fait possible et réel. Au moment où la queue est détachée, cette dernière continue son mouvement comme s’il s’agissait d’un être vivant. Grâce à cela, le prédateur est attiré par “l’appât” et le reptile a suffisamment de temps pour s’échapper.

Pour un être vivant, ce processus est assez coûteux à supporter, puisque la queue remplit des fonctions fondamentales dans l’équilibre, l’accouplement et le stockage des ressources. Cela signifie que cette stratégie doit être utilisée en dernier recours. Autrement, elle peut devenir une condamnation à mort.

Comment les lézards gèrent-ils cette perte ?

La perte de la queue donne aux lézards un avantage immédiat pour échapper aux prédateurs. Cependant, cette structure est importante dans leur vie et ils ont besoin de la récupérer au plus vite pour éviter les difficultés lors des déplacement et de l’accouplement et pour assurer leur survie.

Pour cette raison, ils ont développé un mécanisme de régénération impressionnant qui leur permet de la “reconstruire”. Le seul problème est qu’il a un coût énergétique élevé.

Le processus par lequel les lézards régénèrent leur queue est incroyable, car ils reconstruisent tout leur membre sans avoir de “moule”. Ce processus est très similaire à ce qui se produit lors du développement embryonnaire avec des cellules souches. C’est pourquoi c’est l’un des sujets les plus populaires dans la recherche scientifique.

Queue du lézard : le mécanisme de la régénération

La queue se régénère grâce aux cellules satellites musculaires, dont la fonction – dans tout organisme – est de réparer les tissus endommagés. Chez les lézards, cette lignée cellulaire est capable d’ “activer” des gènes supplémentaires et de reconstruire plus que des muscles. Ce processus est également connu sous le nom de dédifférenciation et c’est ce qui permet la régénération.

De manière très générale, les cellules satellites “récupèrent” des gènes à l’état embryonnaire pour que ces derniers les “guident”. Grâce à cela, elles obtiennent des instructions détaillées sur la façon de reconstruire la queue, reconstruction qui implique les nerfs, les vaisseaux sanguins, les muscles et l’épiderme.

La régénération est un processus très compliqué et son mécanisme n’est pas encore entièrement compris. Cependant, selon un article publié sur Developmental Biology, il a été estimé qu’environ 326 gènes différents sont impliqués. Chacun d’entre eux est impliqué dans différents signaux et différentes activités, il est donc très difficile d’établir les voies d’interaction et de résoudre les énigmes de ce mécanisme.

Lézards des îles Canaries.

La queue n’est plus ce qu’elle était

Bien que le processus de régénération produise une nouvelle queue, celle-ci n’est jamais la même que la première. En effet, les cellules satellites n’ont pas une capacité suffisante pour fonctionner comme des cellules souches. Par conséquent, une structure fonctionnelle est générée, mais avec des différences évidentes.

Les nouvelles queues peuvent passer inaperçues à l’œil nu, car elles arborent souvent les mêmes couleurs et textures externes que le reste du corps. Cependant, leur composition change.

  • Tube de cartilage calcifié. Les vertèbres perdues lors de l’autotomie caudale ne se régénèrent pas sous forme d’os, mais sous la forme d’un tube non segmenté de cartilage durci (avec du calcium).
  • Muscle rudimentaire. Les fibres musculaires sont reconstruites sans la complexité ou l’arrangement d’origine. Cela n’a pas d’impact majeur sur son fonctionnement.
  • Nerfs plus courts. Les nerfs ont une taille plus petite, mais ils sont également plus nombreux, ce qui aide à prévenir la perte de mouvement de la queue.

Bien que les lézards ne régénèrent pas bien leur queue, l’autotomie caudale est une mesure désespérée qui s’est avérée très bénéfique. Il ne leur faut qu’environ 60 jours pour reproduire la structure perdue, l’utiliser comme appât est donc un bon investissement pour survivre un jour de plus.


Toutes les sources citées ont été examinées en profondeur par notre équipe pour garantir leur qualité, leur fiabilité, leur actualité et leur validité. La bibliographie de cet article a été considérée comme fiable et précise sur le plan académique ou scientifique


  • Clause, A. R., & Capaldi, E. A. (2006). Caudal autotomy and regeneration in lizards. Journal of Experimental Zoology Part A: Comparative Experimental Biology, 305(12), 965-973.
  • Gilbert, E. A., Payne, S. L., & Vickaryous, M. K. (2013). The anatomy and histology of caudal autotomy and regeneration in lizards. Physiological and Biochemical Zoology, 86(6), 631-644.
  • Bateman, P. W., & Fleming, P. A. (2009). To cut a long tail short: a review of lizard caudal autotomy studies carried out over the last 20 years. Journal of zoology, 277(1), 1-14.
  • Ananjeva, N. B., Gordeev, D. A., & Korost, D. V. (2021). The review of the autotomy of agamid lizards with considerations about the types of autotomy and regeneration. Journal of Developmental Biology, 9(3), 32.
  • García-Rosales, A., & Martínez-Coronel, M. (2016). Frecuencia de pérdida de la cola en un ensamble de lagartijas de Oaxaca, México. Acta zoológica mexicana, 32(2), 174-181.
  • Palade, J., Djordjevic, D., Hutchins, E. D., George, R. M., Cornelius, J. A., Rawls, A., … & Wilson-Rawls, J. (2018). Identification of satellite cells from anole lizard skeletal muscle and demonstration of expanded musculoskeletal potential. Developmental biology, 433(2), 344-356.
  • Cooper, W. E., Pérez-Mellado, V., & Vitt, L. J. (2004). Ease and effectiveness of costly autotomy vary with predation intensity among lizard populations. Journal of Zoology, 262(3), 243-255.

Ce texte est fourni à des fins d'information uniquement et ne remplace pas la consultation d'un professionnel. En cas de doute, consultez votre spécialiste.