Caméléon de Voeltzkow : aperçu à Madagascar après un siècle sans signalement

Les caméléons de Voeltzkow mesurent entre 13 et 26 centimètres de long. Les femelles sont généralement plus petites que les mâles. Découvrez ici pourquoi cette espèce a disparu du radar des humains pendant si longtemps.
Caméléon de Voeltzkow : aperçu à Madagascar après un siècle sans signalement
Cesar Paul Gonzalez Gonzalez

Rédigé et vérifié par le biologiste Cesar Paul Gonzalez Gonzalez.

Dernière mise à jour : 21 décembre, 2022

Déclarer une espèce éteinte n’est pas un processus simple, car diverses études sont nécessaires pour étayer cette affirmation. De nombreux animaux sont dit « éteints » alors qu’on ignore s’ils ont véritablement disparu. Le caméléon de Voeltzkow, un magnifique reptile disparu depuis plus d’un siècle, en est un exemple.

Le nom scientifique de cette espèce est Furcifer voeltzkowi. Elle appartient à la famille des Chamaeleonidae. Ce spécimen est endémique de Madagascar et a été décrit pour la première fois en 1893.

Il n’avait pas été revu depuis 1905, soit depuis plus d’un siècle ! Poursuivez donc votre lecture pour découvrir l’histoire du caméléon de Voeltzkow.

Le caméléon de Voeltzkow, une espèce très méconnue

Au cours de 1893, le zoologiste allemand Oskar Boettger a fait la description de plusieurs reptiles de la collection du Musée d’histoire naturelle Senckenberg. Parmi eux, se trouvait un beau caméléon vert avec une corne semblable à celle du caméléon de Labord Furcifer labordi.

Cette nouvelle espèce a été nommée caméléon de Voeltzkow en l’honneur de son collectionneur, Alfred Voeltzkow. À ce moment-là, la seule chose connue sur ce nouveau spécimen était son apparence et le fait qu’il soit endémique de l’ouest de Madagascar.

Cependant, entre 1903 et 1905, le même naturaliste Alfred Voeltzkow entreprend une expédition en Afrique de l’Est et rencontre de nouveau le caméléon, ce qui lui donne l’occasion de mieux le décrire.

Ce spécimen n’avait pas été revu depuis 1905.

A la recherche des espèces perdues

Un peu plus d’un siècle plus tard, en 2017, l’organisation à but non lucratif Global Wildlife Conservation a dressé une liste des 25 espèces disparues les plus recherchées. Celle-ci visait à mobiliser des experts pour retrouver ces spécimens ou confirmer leur extinction.

La salamandre de Jackson, le cerf-souris du Vietnam et l’abeille de Wallace ont été les premiers spécimens à être redécouverts. Le caméléon de Voeltzkow occupait la sixième place sur cette liste, de nouvelles expéditions ont donc été organisées pour partir à la recherche de cette espèce et d’autres de reptiles.

L’expédition du Nord-Ouest de Madagascar

Tous les préparatifs de l’excursion ont été finalisés en mars 2018, donnant le coup d’envoi du voyage de deux semaines qui a conduit à la redécouverte de cette espèce. Cette expédition a été dirigée par Frank Glaw, chef du département des vertébrés à la collection zoologique d’État de Munich (Zoologische Staatssammlung München).

Les premiers jours de l’excursion ont été infructueux. Heureusement, presque à la fin de leur voyage, les aventuriers ont retrouvé le beau caméléon de Voeltzkow. Ce moment a marqué non seulement le retour d’une espèce que l’on croyait éteinte, mais il a également permis d’en apprendre davantage sur la biologie de cet animal.

En avril 2018, cet incroyable caméléon a été redécouvert, après 113 ans sans aucun signe de vie. De plus, des femelles de cette espèce ont été observées pour la première fois et les experts ont pu remarqué qu’elles présentaient des caractéristiques différentes.

Des femelles jamais vues auparavant

La première description du caméléon de Voeltzkow était basée sur des spécimens mâles. On pensait les femelles ne présentaient aucune différence significative par rapport aux mâles. Cependant, lorsque cette espèce a été redécouverte, les chercheurs ont réalisé qu’ils avaient tort.

Les femelles de cette espèce sont capables d’arborer une combinaison de couleurs vives avec des nuances de violet, orange, rouge, vert, blanc et noir. Ces motifs changent selon leur humeur. Lorsqu’elles sont stressées, elles sont capables d’altérer drastiquement leurs couleurs.

Ces couleurs voyantes ne sont observées que chez les femelles qui ont déjà copulé et qui ont des œufs dans leur corps. Ce mécanisme semble donc servir d’indicateur visuel pour les mâles : ces derniers peuvent savoir quelles sont les femelles qui ne se sont pas encore accouplées.

Pourquoi le caméléon de voeltzkow n’avait-il pas été revu ?

Cette espèce disparue est apparentée au caméléon de Labord. Ce dernier est très réputé pour avoir l’espérance de vie la plus courte parmi les caméléons – entre 4 et 5 mois – ce qui implique qu’il y a une forte probabilité que ce spécimen et le caméléon de Voeltzkow partagent le même cycle de vie.

On pense alors que le caméléon de Voeltzkow ne vit que pendant quelques mois, raison pour laquelle il est impossible de trouver cet animal à certaines périodes de l’année. Grâce à l’expédition, il a été possible de déterminer les mois les plus propices pour localiser ce reptile : les mois de mars et avril.

L’histoire de ce caméléon est un bon signe pour les écologistes. Et ce, car elle nous permet de mieux comprendre la nature.

Cependant, d’autres espèces qui sont dans la même situation n’ont pas cette chance. Grâce au travail mené par diverses organisations, les animaux « perdus » ont encore une chance de se sauver de l’extinction.


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  • Boettger, O. 1913. Reptilien und Amphibien von Madagascar, den Inseln und dem Festland Ostafrikas. Pp. 269-375. In: Voeltzkow, A. Reise in Ostafrika in den Jahren 1903-1905. Wissenschaftliche Ergebnisse. Vol. 3. Systematische Arbeiten. Schweizerbart’ sche Verlagsbuchhandlung, Nägele und Sproesser, Stuttgart.
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