Excréments d'hippopotames : leur importance dans les rivières et les lacs africains

Nous avons tendance à penser que les excréments ne sont que des déchets, mais dans le cas des hippopotames, ce n'est pas le cas. Ces mammifères sont des piliers fondamentaux dans leur habitat grâce à leurs excréments. Découvrez ici pourquoi.
Excréments d'hippopotames : leur importance dans les rivières et les lacs africains
Georgelin Espinoza Medina

Rédigé et vérifié par la biologiste Georgelin Espinoza Medina.

Dernière mise à jour : 21 décembre, 2022

Tous les êtres vivants jouent un rôle important, car les interactions créent un équilibre au sein de l’écosystème. Nous nous intéressons ici aux hippopotames, des animaux semi-aquatiques qui permettent l’échange de nutriments dans deux environnements différents. Curieusement, même les excréments d’hippopotames sont indispensables.

Grâce à leur mode de vie, les hippopotames servent de pont en passant des éléments de la terre aux rivières et aux lacs. Certains scientifiques se sont penchés sur l’importance de ces mammifères dans leurs milieux naturels, et ils ont découvert que les excréments d’hippopotames sont la clé de la survie des autres espèces.

Les hippopotames comme protagonistes des écosystèmes africains

Les hippopotames sont des mammifères qui vivent dans l’eau et sur terre. Ce sont des animaux herbivores, nocturnes et semi-aquatiques. Ils consomment de grandes tonnes de nourriture pendant la nuit : on estime qu’un seul spécimen peut ingérer environ 40 kilos d’herbe en 24 heures. Ils passent la journée dans l’eau pour hydrater leur peau et se rafraîchir.

Dans les milieux aquatiques, les hippopotames explorent, plongent, jouent, courtisent, se battent entre eux et donnent même naissance à leurs petits. 

Comme tous les animaux herbivores, les hippopotames jouent un rôle important dans la circulation de l’énergie dans les réseaux trophiques des écosystèmes. Ils acquièrent directement les nutriments des végétaux qu’ils mangent et les amènent aux prochains maillons de la voie alimentaire.

Cependant, ces mammifères ne transfèrent pas leur énergie en étant chassés (car ils ont peu d’ennemis), mais grâce aux déchets nutritionnels déversés dans les lacs et rivières d’Afrique.

Les hippopotames, qui consomment de l’herbe en abondance, excrètent de nombreuses matières fécales dans les lacs et les rivières où ils passent la journée. Voyons quel est le rôle de ce type de déchets dans les écosystèmes où vivent ces grands mammifères.

L'un des animaux les plus dangereux au monde.

Pourquoi les excréments d’hippopotames sont-ils si importants ?

Les excréments de ces mammifères contiennent des nutriments dont les autres êtres vivants ont besoin pour survivre et se développer dans les milieux aquatiques. Le silicium est l’un de ces nutriments, mais leurs excréments sont également constitués d’autres molécules essentielles à la vie comme le carbone, l’azote et le phosphore.

Le silicium se trouve dans les tissus animaux et végétaux. Les plantes absorbent cet élément du sol et l’intègrent dans leur corps et, à leur tour, les hippopotames l’absorbent des herbes qu’ils consomment.

Les excréments d’hippopotames sont des déchets qui enrichissent l’eau. Ils contiennent différents types de composés essentiels à la via d’autres êtres vivants.

La productivité des lacs africains est fortement dépendante du silicium arrivant via leurs affluents. Les hippopotames peuvent incorporer jusqu’à 800 kilogrammes de cet élément à partir de plantes au niveau de la population et transporter la moitié de la concentration susmentionnée dans les eaux via leurs selles.

Les hippopotames sont donc des acteurs clés du cycle de recyclage du silicium. Cet élément est précieux pour les êtres vivants appelés diatomées, des micro-organismes qui se distinguent par leur rôle essentiel dans la fixation du dioxyde de carbone.

Les hippopotames sont si efficaces dans cette tâche qu’ils sont responsables de 20 % de toute la productivité primaire de la planète, un rôle étonnant pour de si petites entités.

D’autres organismes bénéficient également des excréments d’hippopotames, notamment les charognards, les crabes, les algues et certains microbes.

Un sujet d’inquiétude

Au cours des dernières années, la population de ces mammifères a connu un déclin important. A tel point qu’ils sont en danger d’extinction selon la Liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN, pour son acronyme en anglais). Ses principales menaces sont la perte d’habitat et le braconnage.

Cette situation affecte l’équilibre des écosystèmes africains qui dépendent de ces vertébrés et de leurs excréments pour enrichir le milieu aquatique. L’une des chaînes qui se briseraient en l’absence d’hippopotames est celle des diatomées, qui ont besoin de silicium pour former leur paroi cellulaire organique sous la forme de silicate.

La diminution du nombre de diatomées peut provoquer le développement et la croissance d’algues consommatrices d’oxygène, ce qui, a son tour, aura un impact négatif sur la survie d’autres espèces animales.

Un hippopotame couché.

Les excréments d’hippopotames dans les écosystèmes sont vitaux

La réaction en chaîne à une éventuelle perte d’hippopotames affectera également les humains. Différentes espèces de poissons peuvent souffrir si ce scénario catastrophique se produit, y compris celles qui sont consommées sur place, ce qui aura un impact sur l’alimentation et le bien-être de l’homme dans les régions africaines qui dépendent de la pêche.

En somme, un composé qui apparaît comme un déchet simple et méprisable constitue la base nutritionnelle d’autres êtres vivants. De plus, elle est indispensable au bon fonctionnement des rivières et lacs africains dans lesquels ces mammifères sont répartis.


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