Les guêpes meurent-elles lorsqu'elles piquent ?

On sait que les abeilles meurent après avoir piqué un autre être vivant. En est-il de même pour les guêpes ? En quoi les deux invertébrés ailés sont-ils différents en matière de défense ? Découvrez ici les réponses à ces questions.
Les guêpes meurent-elles lorsqu'elles piquent ?
Samuel Sanchez

Rédigé et vérifié par le biologiste Samuel Sanchez.

Dernière mise à jour : 22 décembre, 2022

Les guêpes, ces hyménoptères réputés dans le monde pour leur agressivité envers les humains lorsque s’ils sont dérangés, soulèvent de nombreuses questions sur leur biologie et leur danger. Et ce, car les observer de près est aussi peu souhaitable que difficile, en raison de leur vitesse en vol.

Parmi les nombreux faits curieux sur les guêpes, il y a leur méthode de défense, basée sur un dard avec la capacité d’inoculer du poison. Nous savons comment les éviter et comment notre peau réagit après une piqûre, mais qu’arrive-t-il aux guêpes une fois qu’elles ont introduit leur dard dans notre corps ? Poursuivez donc votre lecture pour le découvrir.

Les caractéristiques générales des guêpes

Avant de répondre à la question qui nous préoccupe ici, il est nécessaire de présenter brièvement ces invertébrés. Les guêpes sont des insectes hexapodes (à 6 pattes) de l’ordre des Hyménoptères, un groupe dans lequel se trouvent également les abeilles et les fourmis. Environ 153 000 espèces différentes ont été recensées dans ce taxon, dont plus de 30 000 sont des guêpes.

Les guêpes ont adopté de multiples formes et modes de vie. Il existe des parasitoïdes et des chasseuses (comme le genre Pompilidae), des guêpes solitaires (comme la sous-famille des Eumeninae ) et des guêpes eusociales. La plupart des hyménoptères de ce groupe sont solitaires et s’occupent seuls de leur progéniture, mais les représentants de la famille des Vespidés ont une organisation sociale similaire à celle des abeilles ou des fourmis.

Nous mettons un accent particulier sur ce dernier groupe, puisque l’espèce qui nous intéresse ici, Vespula vulgaris, en fait partie. Nous allons désormais nous référer à cette dernière, qui est celle qui a le plus de rencontres avec l’homme en raison de sa large répartition et de sa capacité à s’adapter aux environnements urbains.

Vespula vulgaris est un insecte social. Elle vit dans des rayons et a une couleur jaune caractéristique et des rayures noires.

Une guêpe sur fond blanc.

La piqûre des guêpes

Vous savez maintenant que l’espèce la plus commune dans les villes est Vespula vulgaris. Qu’en est-il de son dard ? Curieusement, cet organe est un ovipositeur modifié, c’est-à-dire que chez ses ancêtres, il remplissait la fonction d’introduire les œufs dans le sol ou dans les creux des arbres pour les protéger des éventuels prédateurs et des intempéries.

Chez les guêpes, cette structure est dure, a une forme pointue et est en contact direct avec les glandes vénéneuses associées. Le composé inoculé à l’animal contient des amines (histamine, tyramine, sérotonine et catécholamines), des peptides et des protéines, mais il met rarement la vie en danger (sauf si l’être humain y est allergique).

Le dard est un mécanisme de défense évident chez les hyménoptères. Une guêpe peut piquer pour 2 raisons :

  1. Protection : les guêpes sont beaucoup plus susceptibles de piquer lorsque les humains passent près de leurs rayons ou s’ils essaient de les détruire. Leur raison d’être est de protéger les larves, elles n’hésiteront donc pas à utiliser leur dard si leur nid est en danger.
  2. Agitation : les mouvements de mains peuvent dérouter et agiter une guêpe lorsqu’elle vole, ce qui l’incite à piquer.

Comme l’ovipositeur est un organe que seul les femelles possèdent, les guêpes mâles n’ont pas de dard et ne peuvent pas piquer.

Les guêpes meurent-elles lorsqu’elles piquent ?

La réponse est simple : non. Seules les abeilles meurent après avoir inoculé leurs toxines par le dard. À quoi est due cette différence biologique, alors que ces deux invertébrés sont à la fois des hyménoptères et des parents relativement proches ?

La réponse réside dans la forme du dard. Les abeilles ont un ovipositeur modifié avec des épines au niveau de la pointe, qui font qu’elles ne peuvent pas enlever le dard de la peau une fois qu’il y est entré. Le dard se coince alors dans l’épiderme de la victime, et l’abeille perd une partie de son abdomen lorsqu’elle se retire, raison pour laquelle elle finit par mourir.

Les guêpes, elles, ont un aiguillon beaucoup plus lisse et plus fort, capable de se rétracter dans le corps de la victime, ce qui lui permet de piquer plusieurs fois d’affilée dans un intervalle de temps très court. Non seulement elles ne meurent pas, mais elles sont capables de poursuivre la victime sur plusieurs mètres et de lui inoculer le poison plus d’une fois.

Piqûre ou morsure ?

Il convient également de noter que les guêpes ont des mâchoires très développées, qui leur permettent de mordre les animaux et même de prélever du sang. La morsure n’entraîne pas l’inoculation de venin, la réaction n’est donc que superficielle et beaucoup moins évidente. Les symptômes d’une vraie piqûre de guêpe sont les suivants :

  • Douleur intense dans la zone de la morsure
  • Gonflement (œdème) et rougeur
  • Une papule blanche au centre de l’œdème, indiquant l’endroit exact de l’insertion du dard

Ces symptômes devraient normalement devenir moins visibles dans les heures suivant la morsure et aucune attention médicale n’est requise. Cependant, si la personne y est allergique et qu’elle présente des symptômes de choc anaphylactique , une injection immédiate d’adrénaline est nécessaire, soit aux urgences, soit via l’utilisation d’un dispositif auto-injecteur EpiPen.

Les réactions allergiques graves aux piqûres de guêpes peuvent être mortelles. Heureusement, celles-ci ne sont pas courantes.

Aiguillon d'une guêpe.

En somme, les guêpes ne meurent pas lorsqu’elles piquent un animal, seules les abeilles meurent. Il est essentiel de ne pas trop les déranger et d’essayer de rester à l’écart de leurs nids : une guêpe enragée peut vous piquer plusieurs fois et vous poursuivre jusqu’à ce que vous vous éloigniez suffisamment de son nid, alors mieux vaut ne pas lui donner de raisons de se mettre en colère.


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