Outarde à tête noire : des oiseaux volants en danger d'extinction

Les changements au niveau des usages agricoles et l'abandon des pratiques traditionnelles constituent une grande menace pour les oiseaux des steppes du monde entier, y compris les outardes à tête noire.
Outarde à tête noire : des oiseaux volants en danger d'extinction
Francisco Morata Carramolino

Rédigé et vérifié par le biologiste Francisco Morata Carramolino.

Dernière mise à jour : 21 décembre, 2022

Les outardes sont des oiseaux qui se distinguent par leurs habitudes terrestres et leur grande taille. Ce groupe comprend 26 espèces différentes qui forment la famille des Otididae. Malheureusement, elles sont gravement menacées. L’outarde à tête noire est l’une des plus préoccupantes, car elle semble proche de l’extinction.

Cet animal est considéré comme l’un des oiseaux volants les plus lourds au monde. Il se trouve juste derrière la grande outarde, dont les populations se trouvent principalement dans la péninsule ibérique, et de l’outarde kori, endémique d’Afrique. Nous vous en disons plus ci-après sur cet oiseau aussi vulnérable qu’unique.

Les caractéristiques de l’outarde à tête noire

L’outarde à tête noire (Ardeotis nigriceps) est un grand oiseau, plus élancé et plus gracieux en apparence que les plus gros membres de sa famille. Il se distingue par ses longues pattes, son corps parallèle au sol et son cou long et fin.

Les mâles et les femelles de cette espèce atteignent une taille similaire. Ces oiseaux mesurent environ 1,2 m et pèsent 15 kilos. Ces dimensions sont énormes pour un oiseau capable de voler.

Quant à leur couleur, le corps de l’outarde à tête noire est brun sur la partie dorsale, tandis que ses pattes sont nues et jaunâtres. Les ailes sont brunes, noires et grises sur le dessus et blanchâtres sur le dessous. Cette même couleur pâle apparaît également sur la partie ventrale du corps, sur le cou et la tête.

Enfin, la tête est surmontée d’une calotte noire, très caractéristique de cette espèce, qui est plus grosse chez les mâles. Les mâles ont également une bande de poitrine noire et une poche gulaire sur le cou, qu’ils peuvent gonfler pour attirer les femelles pendant la saison de reproduction.

Une outarde à tête noire dans l'herbe.

Habitat et écologie de l’outarde à tête noire

Autrefois, A. nigriceps était largement répandu en Inde et au Pakistan. Cependant, après d’intenses déclins de population et d’extinctions locales, cet oiseau a été limité à 10 % de son aire de répartition précédente. Désormais, il n’est présent qu’au Rajasthan et au Gujarat, avec de très petites populations ailleurs.

Cette outarde, comme le reste des membres de sa famille, vit de préférence dans des espaces ouverts très plats, tels que des prairies arides et semi-arides ou des steppes. On la trouve également dans les zones moyennement agricoles, mais elle ne se reproduit que dans les zones non perturbées par l’activité humaine.

Son alimentation est très variée et s’adapte aux aliments les plus abondants selon la saison, car ce sont des animaux omnivores et opportunistes. Parmi les aliments de base figurent les graines, les herbes, divers arthropodes – comme les coléoptères et les sauterelles – et les petits vertébrés.

Pendant la reproduction, les mâles peuvent se regrouper sur des leks dans lesquels ils s’exhibent, gonflent leur cou et chantent pour attirer les femelles. Après la reproduction, les femelles pondent généralement un seul œuf dans un simple nid situé en plein champ. Les femelles sont les seules à s’occuper des petits.

Les leks sont des arènes de sélection sexuelle où les mâles occupent des terres spécifiques. C’est là qu’ils présentent leurs caractéristiques les plus frappantes aux femelles.

L’état de conservation

L’outarde à tête noire est dans une situation très précaire : elle pourrait disparaître de la planète dans les décennies à venir. Par conséquent, cette espèce est classée comme une espèce en danger critique d’extinction par l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), le plus haut niveau d’alerte.

Sa population a subi un déclin très intense, puisqu’elle est passée de 1260 spécimens en 1969 à moins de 300 spécimens. De plus, cet oiseau est localement éteint dans une grande partie de son aire de répartition. Les petites populations survivantes sont isolées et ont une faible diversité génétique, ce qui les rend plus vulnérables.

Parmi les causes de son déclin se trouve la chasse effrénée, tant pour le sport que pour la nourriture. Cette pratique a commencé il y a des siècles et se poursuit aujourd’hui. De plus, ce déclin a été aggravé par l’accès aux zones reculées ds véhicules modernes.

Le développement humain est une autre menace majeure pour cette espèce. En particulier, l’expansion de l’agriculture intensive, de l’élevage et la vulgarisation de l’irrigation ont détruit les steppes arides dont les outardes ont besoin pour survivre.

D’autres avancées telles que l’industrialisation, l’exploitation minière, la construction de routes et de centrales électriques – ou l’installation de réseaux électriques – ont également augmenté la mortalité de ces animaux. Elles ont détruit ou remplacé leurs zones habitables.

La mauvaise gestion des steppes et le manque de soutien et d’opposition des populations locales sont d’autres facteurs de ce déclin. Dans certains cas, les steppes ont été transformées en forêts à des fins économiques.

Reproduction d'une outarde.
Un mâle affichant son plumage.

Comme dans de nombreux autres cas, pour conserver cet oiseau très spécial, il est essentiel d’avoir le soutien de la population locale. Il est donc très important d’établir des plans d’éducation et de sensibilisation.

Et ce, en tenant toujours compte de l’impact économique que certaines actions de conservation pourraient avoir sur les habitants des régions concernées. Pensons-y.


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